Tshisékédi forcé de négocier avec l’AFC-M23 : Discuter avec le diable, avec quels garde-fous ?

Tshisékédi forcé de négocier avec l’AFC-M23 : Discuter avec le diable, avec quels garde-fous ?

 

 

Bientôt un face-à-face pouvoir congolais et Bertrand Bisimwa, le chef de la branche armée du M23, Corneille Nanga de l’AFC, l’aile politique ou leurs représentants à Luanda !

 

Discussions directes donc Kinshasa-rébellion M23, sans filtre, ce n’est plus une hypothèse d’école, ni des postulats, mais quasi une possibilité lâchée par la présidence angolaise, après un séjour de Félix Tshisékédi hier dans la capitale angolaise où il a eu une séance de travail avec son homologue Joao Lourenço. Un Lourenço qui se voit requinqué diplomatiquement, lui dont le processus de Luanda était sur cale, le voici qui est en passe de faire asseoir le pouvoir congolais et la rébellion du M23. Cette plausible rencontre, distillée avec parcimonie et prudence tant du côté de Luanda que de Kinshasa pourrait se concrétiser dans les prochains jours. En tout cas, elle est pain béni pour la SADC, qui tient son énième sommet aujourd’hui 13 mars sur l’Est de la RD Congo, une SADC qui ahane avec l’EAC à trouver une solution pour une paix durable dans ce Kivu en ébullition !

C’est aussi une annonce qui pèsera beaucoup sur la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 4 avril prochain consacrée à la guerre.

Le président Félix Tshisékédi s’est donc résolu à manger son totem, en franchissant cette ligne indépassable qu’il s’était assignée. Parjure, faiblesse et trahison éructeront sans doute beaucoup de Congolais et surtout d’opposants. Une opinion publique qui n’entend même pas d’une seule oreille, une discussion avec ceux qui tuent, violent et pillent à l’Est du pays.

Mais il est une loi d’airain en guerre, loi très amère comme le fiel, qui fait que c’est le terrain qui commande la manœuvre. Qui est maître d’un pays ou d’une localité dicte sa loi ! Si Félix Tshisékédi ne prend pas langue avec le M23 et passe tout le temps à invectiver Kigali, à battre le rappel du ban et l’arrière ban de la communauté internationale (c’est important mais pas opérant), ça change quoi pour les populations de Goma et Bukavu qui vivent sous le joug de cette rébellion ?

Absolument rien ! C’est donc une forme de sagesse, de discernement et de réalisme politique, qui guide à présent Tshisékédi qui a opté de parler directement aux rebelles. Bravo au président Lourenço et aux prélats et pasteurs, la CENCO et l’ECC dont la diplomatie souterraine semble payante.

C’est connu, pour manger avec le diable, il faut une longue cuillère, pour discuter avec le diable, quels garde-fous adopter ?

Le cadre de discussion existe déjà dans le processus de Nairobi, mais à cette étape et vu les péripéties passées, il faudra obligatoirement affiner cette matrice des discussions.

Les ex présidents Olusegun Obasanjo, Uhuru Kenyatta et l’ex premier ministre éthiopien, Haile Mariam Dessalegn avaient été appelés à l’aide. Pourquoi ne pas associer ces missi dominici à ces discussions cruciales Kinshasa-M23 ? Pourquoi ne pas voir la possibilité d’asseoir des personnes ressources de la SADC et de l’EAC à ces rencontres ?

Nécessairement, cette table ronde entre les belligérants de l’Est de la RD Congo devrait être balisée, avec des objectifs clairs, un timing, le choix des représentants, toutes choses qui contribueront à lever les éventuelles hypothèques qui gêneront cette recherche de paix. En évitant autant que faire se peut le menu détail, le diable étant également dans le détail. L’essentiel est de parvenir d’abord à un aggiornamento, ensuite à une paix à gérer à moyen et long termes concernant cette guerre cyclique !

La rédaction

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