Suspension de Walf TV, affaire Pape Alé Niang au Sénégal : Crispations politico-médiatiques préélectorales

Suspension de Walf TV, affaire Pape Alé Niang au Sénégal : Crispations politico-médiatiques préélectorales

Pour «avoir diffusé en boucle des images exposant des jeunes» lors du meeting interdit de l’opposant Ousmane sonko, à MBaké, Walf TV a été suspendue pour une semaine par le «gendarme des médias» le Conseil national de la régulation de l’audiovisuel (CNRA) qui qualifie la «couverture d’irresponsable». Le CNRA a donc frappé ce média qui fait partie du groupe Walf, l’un des pionniers de la presse privée au pays de la Téranga. L’Association des professionnels de la presse en  ligne s’insurge contre cet oukase, et selon son président, «une simple mise en demeure aurait suffi» d’autant qu’il y a selon son président Ibrahim Faye «ni faute professionnelle, ni erreur». Même son de cloche du côté de la Coordination des associations de presse (CAP). Question préliminaire : une caméra lors d’une telle manifestation peut-elle extirper de ses prises de vues des jeunes qui marchent au milieu d’adultes ?

Ce couperet sur ce média «chaud» du Sénégal intervient concomitamment presqu’avec la liberté provisoire obtenue par cet autre journaliste Pape Alé Niang de Dakar Matin, qui fut embastillé depuis le 6 novembre 2022. En fait, il est reproché à ce dernier, d’avoir diffusé des messages-radios de la police et des sapeurs-pompiers sur le dispositif de sécurité lors de l’audition du même Ousmane Sonko devant la justice début novembre. Des démêlées judidiciares liées aux conséquences de l’affaire Adji Sarr du nom de la fille-masseuse qui a accusé le leader du PASTEF de l’avoir violé.

Du coup, on constate qu’il y a un mince fil qui lie les déboires des 2 médias : Ousmane Sonko, le plus que poil à gratter du pouvoir actuel en place. Les organes de régulation (des médias toutes tendances confondues) au Sénégal régulent-ils ou pratiquent-ils la censure sous le diktat du prince ?

Car très prosaïquement si Pape Alé Niang et Walf TV ont la justice et l’épée du CNRA sur le dos, c’est parce qu’ils ont exercé leur job, en rapport avec Ousmane Sonko, lequel sent le soufre aux yeux du pouvoir. Du coup, on voit aussi que le trio média-politique-justice s’entrechoque. La liberté de presse est-elle en danger dans ce pays où la démocratie est devenue une culture ? Car quand bien même le gouvernement par la bouche d’abdoul Aziz Diop, conseiller spécial du président Macky Sall affirme que ce n’est pas le cas et qu’il y a «24 titres qui paraissent toujours au Sénégal», on ne peut s’empêcher de penser et de caresser l’idée d’une tentative de mise au pas des médias en cette année 2023, année préélectorale par excellence.

Et de facto, année sensible, surtout avec l’épineuse question du 3e mandat, et la multiplication des actes de défiance du trublion politique Ousmane Sonko. Généralement, dans de nombreux pays où la conjoncture politique s’est drastiquement détériorée ou en voie de l’être, les médias constituent le bouc-émissaire sur lequel on casse son sucre.

«Journalistes irresponsables» ou «non-patriotes», ou encore «pas professionnels», quand ça va mal dans un pays, les journalistes font partie des premiers qu’on indexe.

Dans le cas du Sénégal et dans d’autres cieux du continent, la ligne de démarcation n’est souvent pas tenue entre la proximité d’une décision judiciaire et une affaire politique, ce qui tend à faire croire que l’année 2023 sera celle des crispations politico-médiatiques au Sénégal. A moins pour les circonscrire que Macky Sall dise une parole («Je ne serai pas candidat en 2024») et cette cocotte-minute pourrait se calmer un peu. Au pays de Senghor, on le sait, il y a une ligne rouge que rare de politiques franchissent pour ne pas dire qu’il n’y en a pas. Et la présidentielle de 2024 en constitue une, mais aussi celle du passage générationnel car quoi qu’on dise, les Abdoulaye Wade, Idrissa Seck, Macky Sall, Modou Diagne Fada et autres Moustapha Niasse sont dépassés. Ils ont fait leur époque. C’est à présent, le temps des Khalifa Sall, Ousmane Sonko et … Karim Wade, lequel tapis à Doha au Qatar pourrait voir son étoile scintiller de nouveau. Du reste, son père de Gorgui travaille à cet effet .

Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

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