Depuis que la géopolitique a fait bouger les lignes dans l’ex-glacis français, plutôt depuis la série de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest c’est-à-dire du Mali en 2020, au Niger en 2023 en passant par la Guinée, le Burkina, le Gabon… de plus en plus de députés et personnalités politiques français donnent de la voix souvent discordante avec celle de l’Elysée. Tous estiment que le France doit revoir de fond en comble sa relation avec le continent en particulier avec son ex-précarré ou sa politique, passe mal, et est de plus en plus décriée.
Ce n’est ni plus ni moins la tonalité des 175 pages résultats d’auditions de personnalités françaises et africaines, dont les moindres ne sont pas François Hollande et Mohamed Bazoum avant sa chute le 26 juillet 2023.
Quelle est la quintessence de ce volumineux draft ? Ce rapport de la mission d’information parlementaire qui a été présenté hier 8 novembre devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale indique des voies pour «sauver la place de la France en Afrique».
Car comment expliquer ces animosités verbales et ces actes politiques (renvoi de Barkhane au Mali, de Sabre au Burkina, et d’ambassadeurs, de militaires au Niger…) qui ont cours dans les rues de Bamako, Ouaga et Niamey ?
Selon les chefs d’Etat, diplomates, militaires français et Africains auditionnés, il ressort que c’est la non-adéquation entre le discours et la réalité qui a créé ce désamour qui frise le divorce. Tout est allé en vrille à partir des 3 coups d’Etat au Mali, Burkina et Niger, surtout dans ce dernier pays où on a vu une France vent debout pour qu’on réinstalle Bazoum, et appuyant même la menace d’intervention brandie par la CEDEAO. Alors qu’au Tchad, bien que ce ne soit pas un coup d’Etat classique, ça y ressemble, alors qu’ici le locataire de l’Elysée est allé au Tchad, et même que la France condamne à peine la situation dans ce pays.
Paternalisme, condescendance (comme le sommet atypique de Montpellier) et le «en même temps» qui a débordé sur l’Afrique, voilà ce qui horripile la jeunesse africaine, sur laquelle a surfé la Russie.
Si en 2017, dans l’amphithéâtre de l’Université Joseph Ki-Zerbo, devant des étudiants quasi-acquis, Jupiter a nié l’existence ou plutôt la fin d’une politique africaine de la France, dans les faits, les péripéties ayant jalonné le départ de Barkhane, le sommet de Pau, entre autres, et surtout le cas des 3 pays «putschés» a accéléré cette césure du partenariat historique France-Afrique. Comment y remédier, car rien n’est définitif, dans les relations entre les pays, il y a des hauts et des bas ?
Selon ce rapport, l’Afrique veut plus de cohérence dans la politique africaine de l’ex-Métropole, et surtout du respect, ainsi qu’un nouveau coup diplomatique, par «une diplomatie spécifique à l’Afrique».
Quant aux aides budgétaires et additionnels libéralités de l’AFD, le rapport préconise un changement de nom France-partenariat, amener l’Afrique au palais Bourbon, via des débats sains et instaurer des visas spécifiques pour les Africains !
L’Elysée compulsera-t-il ce document de 175 pages et y trouvera-t-il matière à revoir la copie de sa politique sur le continent ? Il reste encore quelques années à Macron pour en juger. Car ce rapport prône une sorte de tabula rasa, d’une relation vieille de 60 ans, que l’Afrique renâcle actuellement à accepter.
La REDACTION
COMMENTAIRES