Refoulement de 173 Burkinabè à Yendéré par la Côte d’Ivoire : Relations AES-CEDEAO, le temps des représailles est-il en cours ?

Refoulement de 173 Burkinabè à Yendéré par la Côte d’Ivoire : Relations AES-CEDEAO, le temps des représailles est-il en cours ?

Par la voix du ministre d’Etat, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, on a appris que le Conseil des ministres en sa séance ce mercredi 17 juillet a informé que 173 Burkinabè (on apprendra que ce sont des personnes d’une même communauté) ont été refoulés de la Côte d’Ivoire «au mépris des règles humanitaires» et gîtent actuellement à Yendéré, une localité frontalière.

D’ici quelques jours, on saura les tenants et les aboutissants du phénomène mais en attendant, on ne peut s’empêcher de lire cette question de femmes et d’enfants refoulés à la lumière, des relations, disons exécrables entre les  pouvoirs burkinabè et ivoirien. En effet, un tel incident gravissime du reste, et survenu dans un contexte de tension entre les 2 pays, suite à la ruade du capitaine Ibrahim Traoré, accusant, les autorités ivoiriennes de materner les déstabilisateurs de son régime ne peut qu’inquiéter. Ce refoulement de Burkinabè donc vient souligner qu’entre les 2 pays, il y a désormais un mur de glace.

Jadis dans les années 70-80, les étrangers, entendez les Burkinabè et autres nationalités ont été victimes de ratonnades. Des prurits identitaires et ethnicistes qui ont parfois dégénéré provoquant des reflux de populations aux frontières ou  carrément vers leurs pays.

C’est d’ailleurs le cas du Burkina Faso, dont la diaspora, ces fameux Paweto frôlent les 4 à 5 millions en terre ivoirienne. A l’époque, le président Félix Houpouët-Boigny avait toujours pu détendre l’atmosphère.

En 1999, on se rappelle la chasse aux Burkinabè qui a eu lieu à Tabou (400 km d’Abidjan) en Côte d’Ivoire, même si ce temps-là et le contexte actuel sont très différents, mais il y avait tout de même en lame de fond, une mésentente entre les autorités ivoiriennes et burkinabè, sur fond de lutte pour le pouvoir à Abidjan, et de réforme de la propriété foncière.

A l’époque, ce fut un grand traumatisme pour ces paweto, que même l’opération «Bayiri», le rapatriement au Burkina, n’a pas pu soigner pendant longtemps.

25 ans plus tard, on hume peu ou prou les miasmes de ce que beaucoup assimilent à des représailles, sous réserve d’une manifestation du  contraire. La guerre feutrée et même frontale AES/CEDEAO a-t-elle commencé par ces représailles ? Car confédération AES ou pas, ces populations sont intégrées, et vivent en parfaite harmonie.

On attend d’être fixé par la Côte d’Ivoire sur ce grave problème sans manquer d’émettre des interrogations : ce refoulement traduit-il un changement de paradigme dû à la géopolitique sous-régionale, quand on sait que de nombreux Burkinabè fuyant les exactions des groupes armés ont été accueillis à bras ouverts dans ce pays frère avec construction de logements et d’infrastructures d’accueil ?

 En tout cas, on peut espérer que le traditionnel Akwaba n’a pas fait place à la froide rigueur de l’inhospitalité. Et que les liens séculaires et la solidarité fraternelle reprennent rapidement le dessus.

La REDACTION

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