Exit la Constitution de 1992 ! Voici celle de 2024 ! C’est juste avant la date butoir prévue par la loi que le président du Togo, Faure Gnassingbé a promulgué ce lundi 6 mai la nouvelle Constitution votée en seconde lecture le 19 avril dernier.
Présente dans les esprits de façon permanente depuis cette date, et omniprésente également lors de la campagne électorale des législatives et régionales du 29 avril, cette nouvelle Loi fondamentale change le statut du régime politique du pays : de présidentiel, pour ne pas dire présidentialiste, le Togo se drape de la toge parlementaire. Et de facto, tout est chamboulé au sommet de l’Etat. Pour la simple raison, qu’une clause de la Constitution stipule que le patron de l’Exécutif qui détiendra la réalité du pouvoir sera une sorte de premier ministre, qui sera le président du Conseil des ministres, chef suprême des armées, et nomme les ministres. Et ce président du Conseil des ministres est élu par les députés majoritaires, au suffrage indirect pour 6 ans et de façon illimitée.
La 5e République du Togo pousse donc ses premiers vagissements. Fin de parcours de la 4e République ! Plus de présidentielle donc, désormais tous les 6 ans (sauf imprévu) les députés majoritaires, se réunissent et choisissent le vrai patron du Togo qui doit être selon encore l’esprit et la lettre de cette Constitution de 2024, le président du parti majoritaire. Dans le cas en présence, l’UNIR qui a étalé l’opposition a comme président un certain … Faure Gnassingbé, président du Togo depuis 2005.
Faure reste donc ou arrive, selon qu’on se trouve de part et d’autre de la ligne de fracture pouvoir-opposition. De jure, on a voulu s’entourer du vernis constitutionnel, sinon dans les faits, pour le paysan ou le commerçant du Kpendjal, Cinkanssé, Vo, Yoto ou Zio, le président, c’est Faure. Qu’il soit élu au suffrage universel direct ou indirect par les députés, qu’on le nomme «président» simple, ou «président du Conseil des ministres» pour le Togolais Lambda, c’est bonnet blanc, blanc bonnet !
Dans la tête de Faure, ce n’est pas évident que le changement soit aisé tant, il concentre entre ses mains le pouvoir qu’il a actuellement sous parapluie de la Constitution de 1992. Ce sera pareil avec le régime parlementaire.
La mutation devrait plutôt s’opérer dans ses rapports avec un président de la République dépouillé des prérogatives y relatives. Le jeu de rôle entre lui et le ou la président (e) ravalé (e) au rang de roi ou reine d’Angleterre, devra être d’une précision d’orfèvre !
Qui d’ailleurs pour être «roi ou reine du Togo» qu’on appellera pompeusement président ? Protocolairement, il ou elle reste au-dessus du «président du Conseil des ministres», mais rien de plus.
Est-ce la présidente sortante de l’Assemblée nationale Yawa Djigboli Tsegan… ou la vice-présidente et vice-présidente de l’UNIR du Grand Lomé, Ibrahima Memounatou ? A moins que ce ne soit victoire Tomegah Dogbé, la première ministre ? Ou le ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey ?
La REDACTION
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