Processus d’adoption de l’avant-projet de loi sur le quota : Les organisations féminines renforcent la lutte

Processus d’adoption de l’avant-projet de loi sur le quota : Les organisations féminines renforcent la lutte

Les organisations féminines intervenant sur la thématique de la participation politique des femmes au Burkina Faso ont organisé le samedi 13 avril 2019 à Ouagadougou, un atelier d’appropriation et de sensibilisation sur l’avant-projet de loi portant fixation de quotas et modalités de positionnement des candidates ou des candidats aux élections législatives et municipales au Burkina. Pour la porte-parole du comité quota Martine Yabré, après 10 ans de lutte, le bilan est déplorable.

Le Burkina Faso a adopté le 16 avril 2009, la loi n°10-2009/AN, portant fixation de quota d’au moins 30% de candidatures au profit de l’un et l’autre sexe aux élections législatives et municipales, afin de favoriser une meilleure participation politique des femmes et des hommes. En effet, les élections municipales et législatives 2012, 2015 et 2016 intervenues après son adoption ont constitué une phase d’expérimentation.

«A l’analyse des résultats engrangés sur le terrain, des acquis ont certes été relevés, mais force est de constater certaines insuffisances», explique Martine Yabré, porte-parole du comité quota. A l’entendre, ces difficultés sont entre autres liées à l’interprétation de la loi due à l’absence de décret d’application. Au niveau du positionnement, indique-t-elle, la large majorité des femmes candidates n’a pas été à des positions éligibles sur les listes des partis et formations politiques. Elle ajoute que la sanction n’est pas suffisamment dissuasive car selon elle, elle consacre juste la perte de 50% du financement de la campagne.

«Certains grands partis politiques pourraient se passer de cette subvention de l’Etat», a souligné Mme Yabré. Au regard de ces constats, poursuit-elle, la relecture de la loi n°10-2009/AN, portant fixation de quotas aux élections municipales et législatives s’impose même si insiste-t-elle, tous les acteurs clés estiment que l’existence de la loi en elle-même est un acquis. «Il convient de noter que sa relecture permettait d’améliorer la participation et la présence des deux sexes dans les sphères de décisions électives», a laissé entendre la porte-parole du comité quota. Mais qu’à cela ne tienne, le comité a constaté que l’avant-projet de loi souffre toujours de l’adhésion d’une certaine classe politique. «Aux dernières nouvelles, il serait inscrit au titre des points de discussions du dialogue politique entre le chef de l’Etat et la classe politique, prévu pour fin avril», a-t-elle soutenu. A quelles sauces seront mangées les femmes et précisément les questions spécifiques les concernant ? A cette question, Mme Yabré explique que partant de l’analyse de la configuration des délégations aussi bien de l’opposition que de la majorité reçues par le président du Faso pour la préparation du dialogue politique, les femmes se demandent quel regard sera porté sur les questions les concernant. «Au regard de ce contexte mitigé qui gouverne le processus de relecture de ladite loi, nous, organisations de la société civile et acteurs-clés intervenant sur la participation politique de la femme au Burkina, avons décidé de mutualiser nos efforts et nos initiatives pour garantir un réel impact aux actions que nous menons», a affirmé Martine Yabré. Tout en attirant l’attention de leurs autorités de tutelle sur la nécessité de communiquer avec les femmes sur le processus en cours, les organisations féminines restent convaincues que l’aboutissement de ce processus demeure un défi à relever pour les femmes et les hommes, conscients de l’intérêt que revête l’inclusion des couches sociales dans les processus nationaux de développement et reconstruction post-crises.

Omar SALIA

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