L’examen des pièces à conviction est toujours d’actualité au tribunal militaire de Ouagadougou avec le début de la diffusion des éléments vidéos. A l’audience d’hier mardi 2 avril 2019, il s’est agi pour l’accusation de faire visionner des vidéos mettant en action des éléments du RSP lors des événements des 16 septembre et jours suivants, un message du CEMGA d’alors Pingrenoma Zagré, les différents communiqués du Conseil national pour la démocratie (CND) lus par le médecin lieutenant- colonel Mamadou Bamba, à la Radiodiffusion et télévision du Burkina (RTB)…
Après avoir diffusé des enregistrements sonores dans l’optique de forger la religion du tribunal militaire sur la culpabilité de bon nombre d’accusés présents dans le box, le ministère public n’entend pas s’arrêter là. Pour ce faire, il a continué dans la même dynamique, mais cette fois-ci avec des vidéos en appui. Dans la matinée d’hier mardi, plusieurs d’entre elles ont été diffusées dans la salle des banquets qui a drainé du monde (comparativement aux derniers jours) à cause certainement de la circonstance. Intitulé communiqué CND et armée, le dossier n°1 est composé de 9 éléments vidéos. Il s’agit d’abord du communiqué du 17 septembre 2015 destituant le président Michel Kafando de ses fonctions qui, de ce fait, mettait fin au régime de la Transition. Ensuite, nous avons enregistré toujours dans la même journée du 17:
communiqué n°1 : le général de brigade Gilbert Diendéré est nommé président du CND ;
communiqué n°2 : l’instauration d’un couvre-feu de 19 heures à 6 heures du matin sur l’étendue du territoire national ;
communiqué n°3 : la fermeture des frontières terrestres et aériennes ;
communiqué n°4 : les secrétaires généraux des ministères sont chargés de l’exécution des affaires courantes ;
communiqué n°5 : des dispositions sont prises pour que le programme de départ du hadj ne connaisse pas des perturbations du fait du couvre- feu ;
communiqué n°6 : Libération de l’ancien président Michel Kafando ;
communiqué n°7 datant du 18 septembre 2015 : les frontières terrestres et aériennes sont rouvertes. En rappel, le journaliste circonstanciel de la télévision nationale du Burkina était le médecin lieutenant- colonel Mamadou Bamba qui a lu tous ces communiqués suscités. Cependant, il n’a pas souhaité faire des commentaires lorsqu’il fut convoqué à la barre. En plus de cela, il y a le communiqué du Chef d’état- major général des armées (CEMGA) de l’époque Pingrenoma Zagré appelant les forces de l’ordre à agir avec professionnalisme qui a été présenté.
Que révèle le dossier n°2 ?
Après le dossier n°1 c’est le dossier n°2 intitulé Images BF1 et divers, composé également de 9 fichiers qui a été examiné. En effet, le contenu de ces fichiers montre des éléments de l’ex- Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) en position au niveau du carrefour de BF1. Citant le caporal Sami Dah, le procureur a affirmé qu’il s’agissait de l’adjudant Jean Florent Nion, du sergent- chef Laoko Mohamed Zerbo, des segents Ollo Stanislas Pooda, Mahamadi Zallé, Zoubélé Jean Martial Ouédraogo, du sodat de 1ère classe Issaka Ouédraogo et bien d’autres, essentiellement des éléments du Groupement des unités spéciales (GUS). Appelé à la barre en compagnie de ceux dont les noms ont été cités, le caporal Dah est formel : «Je maintiens ce que j’ai dit», a-t- il déclaré à la question du président Seidou Ouédraogo. Si certains parmi les mis en cause s’identifient dans les dites vidéos confirmant ainsi les dires de leur frère d’armes, il n’est pas le cas chez d’autres à l’image des Zerbo, Zallé et Pooda qui ne s’y reconnaissent pas. Toutefois, à en croire l’adjudant Nion qui, dans une des vidéos faisait usage de son arme en tirant en l’air, il n’a pas attendu ces preuves pour reconnaître ce qu’il a fait en ces lieux «Je l’ai fait savoir au juge d’instruction sans même la dénonciation de Dah Sami», précise- t- il. Quant au sergent Zoubélé Jean Martial Ouédraogo, il explique qu’il avait pour mission d’effectuer la ronde entre ces lieux et le ministère de la Défense avec une moto. Pour lui, il n’y avait aucune hostilité envers la population. La preuve est que des passants à pied et à voiture apparaissent dans ce film. «Je venais d’arriver de Dassasgho où j’étais de garde et je voulais me renseigner sur ce qui se passait», se justifie le soldat de première classe Issaka Ouédraogo, visible aussi dans l’élément. Et d’ajouter que mis à part ce jour, il n’a plus remis ses pieds au dehors. Qu’à cela ne tienne, l’accusation ne s’est pas empêché de dénoncer la mauvaise foi de «Ancien», entendez, Issaka Ouédraogo. A l’écouter, ce dernier a, lors de sa comparution juré la main sur le chœur qu’il n’est pas sorti durant les événements des 16 septembre et jours suivants. Ce qui fait dire au ministère public que n’eut été cette preuve irréfutable l’ex-RSP persistera sans doute dans sa dénégation. Par ailleurs, dans ses observations d’ensemble, il fait observer que ces pièces à conviction viennent confirmées certains points très importants de ce coup de force. Me Prosper Farama, avocat des parties civiles, a, avant l’intervention de la pause indiqué qu’il est établi clairement que des éléments du RSP, reconnaissables à travers la tenue léopard qu’il arboraient et munis de kalachnikov, étaient déjà le 16 en mouvement à l’extérieur de leur camp avec des véhicules, des motos. A la reprise d’autres vidéos ainsi que des images seront diffusées. Ce sont entre autres les dossiers «Images Laïco et rue de Ouaga», «Images rue Raso», «Moto Yaya», «Savane FM» «Images Gédéon Vink» et «Images RSP». Le contenu de l’un des fichiers de ce dossier montrait l’arrivée du général Diendéré à son domicile filmé par son fils qui le félicitait au passage. L’audience se poursuit ce matin à 9 heures à la salle des banquets de Ouaga 2000 avec la suite de la diffusion des vidéos.
Boureima SAWADOGO
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