Procès Khalifa Sall au Sénégal : Verdict juridique ou politique ?

Procès Khalifa Sall au Sénégal : Verdict juridique ou politique ?

C’est aujourd’hui que Khalifa Sall sera situé sur son sort. Le  verdict du jugement de l’affaire qui lui a fait goûter aux fers des geôles de Rebeuss après sa descente aux enfers débutée un 7 mars 2017 est prévu pour être dévoilé aux yeux du ciel et de la terre ce 30 mars.

Celui qui était jusque-là le maire de Dakar, capitale du Sénégal à son destin politique entre les mains des hommes en toge : le tribunal suivra-t-il les traces du parquet qui a proposé qu’il soit mis à l’ombre pour sept longues années ? La longueur est ici surlignée en rouge car toute prétention présidentialiste, si jamais une telle envie avait effleuré l’esprit de cet homme, sera alors sévèrement compromise. Du moins, pour 2019, l’échéance la plus proche et la plus immédiate.

Il est bien vrai que des hommes politiques ont déjà proposé leur candidature au fauteuil suprême depuis de mutiques pièces de prison. Mais l’on a rarement vu des hommes qui sont cachés par les replis du manteau de l’ombre réussir sur l’arène de la conquête du pouvoir. Alors, y restera-t-il un an, deux ans ou … sept ans ? En effet, pour les avocats de l’Etat, les preuves sur la culpabilité de l’édile de Dakar sont tellement fragrantes que c’est au juge de décider de la sanction appropriée. En l’espèce et durant les 5 semaines de jugement, l’Etat n’a pas été juge, mais a seulement demandé de lui rendre justice. Argumentaire spécieux que balaie la défense qui pointe un procès politique, et qui a foi que si le droit est dit, soit la procédure est annulée, soit c’est la relaxe pure et simple. Mais rien n’est aussi simple, car il y a comme une farine d’une coloration douteuse sur la carrosserie de la décision qui sera rendue aujourd’hui. Sera-t-il juridique ? Et la loi permet au parquet d’interjeter appel. Auquel cas le tribunal aura alors accepté que Khalifa Sall, l’homme resté discret, qui semblait immaculé jusqu’aux os, qui ne fâchait personne mais savait faire entendre et respecter sa volonté, qui gérait jusque-là de façon irréprochable (du moins, en apparence), n’a été qu’un vulgaire pilleur de deniers publics et se classe dans la même catégorie des hommes politiques véreux qui n’ont que peu d’estime pour le développement réel de leurs concitoyens. Ou alors, les juges lui accorderont la liberté, parce que les arguments des accusateurs ou les justificatifs des défenseurs les auraient convaincus qu’il s’agit d’une cabale savamment organisée pour l’évincer de la prétention au trône.

Ou alors, le verdict sera-t-il politique ? Comment ne le serait-il pas ? Ou comment empêcher qu’il ne soit interprété de cette façon-là ? La relaxe de Khalifa Sall convaincra que la conquête du pouvoir est un chemin pavé de coups bas. Sa condamnation ne fera qu’amplifier ce sentiment. Car le procès d’un Khalifa Sall, quel soit le cas de figure portait en lui-même les germes de cette politisation, à partir du moment où au PS, il paraît le seul à pouvoir barrer la route de l’avenue Léopold Sédar Senghor (présidence) à Macky Sall en 2019. Alors quel verdict pour un probable candidat à une présidentielle ? Va-t-on sacrifier le droit sur l’autel politique ou vice-versa ?  UNE

Ahmed BAMBARA

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