Ce triple scrutin en RD Congo qui se déroule aujourd’hui, comme celui de 2006, et même les autres ont toutes des spécificités, dans ce pays au 6 fuseaux horaires, et grand comme 80 fois la Belgique, ces scrutins sont toujours d’une historialité à nulle part égale dans cette région de l’Afrique centrale. ONU, UE, Afrique, … et bien évidemment les Congolais ont les yeux rivés sur ces élections surtout la présidentielle, car elles impactent l’Afrique centrale et derechef hors de ses frontières.
La parenthèse de la guerre postélectorale du 30 juillet 2006 est fermée, mais depuis cette première élection post-Mobutu, les vieux démons sont assoupis d’un œil. Car la classe politique est restée la même depuis l’éclipse totale du président Léopart, et l’intermède du «Mzee» (sage en swaili), Laurent Désiré Kabila entre 1997-2001.
Discours mi-programme politique, mi-invectives, insultes, provocations, les caïmans du fleuve Congo ne se font pas de cadeau. Les présents 3 scrutins en 1 ne dérogent pas à la règle. Sous inventaire de voir ce qui va se passer aujourd’hui 20 décembre 2023, et au regard du climat électoral gorgé de nuages dangereux, que la guerre à l’Est seule n’explique pas, il faut croiser les doigts.
En effet, de Kasa-Vubu à Tshisekedi, un discours jugulaire quoique centrifuge a toujours traversé de part en part, les campagnes et les actes politiques. Il y a d’une part, ceux qui vénèrent toujours certains pères-fondateurs et leurs successeurs immédiats tels que Patrice Lumumba, Mobutu, Kabila-père … il s’en trouve qui sont des thuriféraires même de Moïse Tschombé, celui qui tua Lumumba. Evidemment, dans ce camp, on retrouve du tout des nationalistes pur jus et des opportunistes. Dans ce groupe, on surfe sur la fibre «autochtone» et haro sur les étrangers, tel est le cas du concept fameux qu’est la «Congolité».
De l’autre côté, il y a ceux qui veulent tourner la page, implémenter un nouveau paradigme en puisant peut-être un peu du passé, mais en inventant un nouveau Congolais. Et puis, il y a le partage du gâteau qui divise. Comme ailleurs, ceux qui accèdent au pouvoir, ont accès à la grande mangeoire avec amis et parents. Et c’est le vote transparent ou truqué qui donne ces privilèges.
C’est donc un pays-continent en apnée qui va voter aujourd’hui et qui restera d’ailleurs suspendu jusqu’à la proclamation des résultats, surtout de la présidentielle.
Qui succédera à Félix Tshisekedi, candidat à une rebelote ? Qui sera le 6e président de la RD Congo en cette fin d’année 2023 ? En l’absence de sondages, il faut se fier aux apparences et à ce qu’on a observé depuis quelques mois et même depuis la dernière présidentielle en 2018 !
L’opposition va en désordre de bataille, en dépit du désistement de 7 candidats qui ont fait chorus derrière Moïse Katumbi. Et même que l’ex-président Kabila-fils soutient Katumbi. Ce dernier, qui, quoiqu’on dise est le Primus inter pares dans le trio oppositionnel (avec Martin Fayulu et le Dr Dénis Mugwengé) aurait pu faire mouche, c’est-à-dire contrebalancer le président sortant, s’il avait les 2 et même les autres avec lui. Mais hélas, chacun aura peut-être un score honorable, mais point de victoire.
Le sortant qui n’entend pas sortir, s’est donné toutes les chances de rempiler. D’abord, il a renoué avec son compagnon politique, Vital Kamérhé, élargi de la prison qui a retrouvé son parti, et est un pivot de l’Union sacrée, la plateforme présidentielle. Ce dernier, originaire de Bukavu, dans le Sud-Kivu, va y ratisser large, du haut de son poste de vice-premier ministre, en charge de l’Economie nationale.
Comment ne pas mentionner l’autre soutien costaud que constitue Jean-Pierre Bemba lui aussi bombardé ministre de la Défense, lequel a comme fief, le Nord-Ubangui, et qui draine du monde avec son MLC, qui a intégré également l’Union sacrée.
Enfin, enfin, cette présidentielle est à 1 seul tour, un couperet électoral qui ne pardonne pas, et en l’espèce, c’est Félix Tshisekedi qui tient la corde. Si on ajoute le fait que peu ou prou, la CENI ou plutôt son président, Dénis Kadima, était le candidat de Tshisekedi … le match semble plié, même si aucune élection n’est gagnée à l’avance. Ce qui turlupine, c’est un vote pacifique et surtout c’est l’après match…
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA


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