Ses ouailles du FPR et même Paul Kagame affirmaient que s’il voulait, l’éternel sortant depuis 24 ans pourrait obtenir 100% à la présidentielle du 15 juillet dernier. Pari quasi relevé, puisque selon des résultats de 80% des dépouillements livrés par la CENI, le Bonaparte a recueilli des suffrages à la hauteur de sa taille : 99,15%.
Améliorant son score de 2017 (98,78%), l’architecte de ce Rwanda post-génocide confirme une popularité et une assise électorale qui ne doivent rien au hasard : gouvernance au cordeau, une introuvable opposition, une démocratie contrôlée et un pays sous Big Brother. A contrario sécurité, éducation santé, tourisme, fonctionnent.
Le voici étrennant un 4e mandat, qui le conduira jusqu’en 2029. Et même un 5e l’attend à l’issue du présent jusqu’en 2034, conformément à la nouvelle Constitution. Paul Kagame adoucira-t-il sa gouvernance pour l’avènement de cette démocratie occidentale, où on parle des droits de l’homme, d’une opposition libre… ?
Nul ne peut se risquer sur une telle gageure, car le président rwandais, a toujours eu de l’aversion pour tout ce qui est dicté de l’extérieur y compris la démocratie dite universelle.
La question est : pourra-t-il continuer avec ce mode de gouvernement «verrouillé » ? Si son score qui pourrait faire pâlir les dirigeants russes de la guerre froide, à commencer par Staline, et si le fardeau du génocide a permis au pays des Mille Collines de tracer cette trajectoire, sous l’ombre de ce dirigeant iconoclaste, la géopolitique mondiale, l’évolution des rapports dans plusieurs coins de la planète, du Proche-Orient en passant par l’Indo pacifique, aux USA, en France, mais aussi en Afrique, ces changements incitent sans doute à édulcorer une posture qui a été payante, sur la stabilité, le progrès, mais qui ne saurait durer éternellement, à moins d’être un démiurge ! Ce 4e mandat sera-t-il aussi celui de la paix avec la RD-Congo, sur le brûlot de l’Est de ce voisin géant ? Le M23 pollue les rapports Rwanda RDC, mai il est aussi le poil à grater pour Kagamé même si celui ci semble banaliser cette guerre. Fumera-t-il le calumet de la paix avec Tshisekedi ? c’est-à-dire retirera-t-il ses soldats que tous les rapports indiquent qu’ils sont au Nord Kivu ? 4e mandat, mandat du bon voisinage avec la RDC ou bonnet blanc blanc bonnet comme les 3 précedants ?
Ouvrir son système, permettre à de vrais opposants telle Victoire Ingabire de s’exprimer et penser à l’après-Kagame, sont en vérité les vrais défis de celui qui prend le boulevard d’un 4e bail.
Si apporter plus dans le panier de la ménagère, éduquer, se soigner… sont toujours des choses à améliorer, un système fermé trop longtemps génère toujours ses propres problèmes. A 66 ans, dont 24 passés comme président, Kagame a toutes les cartes en mains pour perpétuer la plus-value qu’il a apportée au Rwanda, mais aussi pour ravauder les façades d’un système qui comporte quelques laideurs, dont la moindre n’est pas cette absence de liberté d’expression et d’opinion.
La REDACTION
COMMENTAIRES