Les images passées en boucle sur Télé-Tchad et sur les réseaux sociaux sont éloquentes : on y voit le président, le général Mahamat Idriss Deby, dans sa tenue militaire, entouré de ses frères d’armes échafauder des plans pour «nettoyer» le Lac Tchad, refuge notoirement connu de Boko Haram.
Dans la foulée, celui qui a endossé la tenue de général «stratégique» (jargon dans l’armée signifiant que la troupe est prête à le suivre partout), a informé de l’imminence d’une nouvelle battue anti-Boko Haram, après l’opération Hascanite. En tant que soldat, je sais qu’il faut être sur le terrain pour prendre la bonne décision en matière de sécurité, dira-t-il en substance.
Et le général-président, depuis son QG de guerre à quelques encablures du Lac Tcahd où il y est depuis une dizaine de jours, d’ajouter : «Nous avons fait plusieurs frappes des positions ennemies avec beaucoup de morts de leurs côtés… Nous préparons nos forces pour des batailles terrestres, elles vont aller faire payer cher ce que l’ennemi a fait…».
Autre information depuis le Front, Deby fils a laissé éclater sa colère au sujet de la Force mixte multinationale (composée du Niger, Nigeria, Bénin, Cameroun et Tchad) pour sécuriser la région : Le Tchad pourrait la quitter pour manque de coopération et de solidarité : «A chaque fois qu’il y a des problèmes dans ces pays voisins, nous déployons nos soldats pour aller les soutenir…mais quand notre pays est frappé par l’ennemi, aucun soutien…». Un doigt accusateur est pointé donc sur cette Force inepte, laquelle effectivement n’a pas fait preuve de son efficacité. Une cousine du G5-Sahel en somme !
Que dire sur ces 2 annonces du général «Kaka» ? In situ sur le champ de bataille, Deby fils montre qu’il reste militaire dans l’âme contre les terroristes, Boko Haram ou outre, il le trouveront lui et ses frères d’armes sur le terrain. Mieux, le général Deby n’attend pas d’être sur la défensive, il passe à l’offensive, et pour cela, il revêt bien la posture de son père, le maréchal Idriss : lequel effectuait fréquemment ces sorties au Lac Tchad, comme l’opération Colère de Bohoma en 2020 contre le même Boko Haram. En ce sens, il a de qui tenir, les chats ne font pas des chiens, il est bien le fils de son père, et encore, on ne peut que saluer de telles opérations contre un ennemi tueur de femmes et d’enfants, faiseurs d’otages et violeur.
Par contre, si l’on peut comprendre ces récriminations sur l’inaptitude de la Force mixte à déboiter aux côtés du Tchad en cas de besoin, et même la léthargie de cette Force, la quitter et faire cavalier seul pourrait être contreproductif.
Certes, le Tchad possède l’une des armées aguerries en matière de lutte anti-terroriste au Sahel, et cette armée, n’a rien à prouver sur ce plan, que soit au Mali, ou au Tchad, mais la victoire sur Boko Haram et d’autres réside dans la mutualisation des forces sous-régionales. Les luttes solidaires donnent quelques résultats, des victoires, mais pas totale. Ratisser le Lac Tchad, infliger des pertes aux terroristes, c’est louable, mais voilà plusieurs années que le Tchad se livre à de telles opérations sans pour autant parvenir à éradiquer l’hydre terroriste ! La preuve, rien que ce 10 novembre 2024, c’est un véritable pied de nez qu’ont fait les terroristes en attaquant et tuant des militaires tchadiens aux environs du Lac Tchad, à savoir pas loin du QG de Deby-fils et cela 2 semaines après avoir tué 40 soldats tchadiens. Peut-être qu’il faudra que le général Deby, convoque un sommet sur cette Force mixte pour voir comment la rendre efficace et efficiente. Plutôt que de la quitter !
La REDACTION
COMMENTAIRES