Mutineries dans des casernes burkinabè:Mélange de refus de casse-pipe terroriste et de velléités prétoriennes

Mutineries dans des casernes burkinabè:Mélange de refus de casse-pipe terroriste et de velléités prétoriennes

Des tirs nourris et sporadiques qui ont troué l’aube jusqu’aux aurores au Burkina, avec des populations transies de frayeur en apnée, recroquevillées chez elles si ce n’est pour certaines de puériles tentatives de fuite, la journée d’avant-hier 22 janvier où deux marches avortées ont surchauffé Ouagadougou paraissait un jeu d’enfant par rapport aux «dum-dum» du lendemain des soldats des camps Sangoulé Lamizana (où sont embastillés le général Gilbert Diendéré et d’autres militaires putschistes comme ceux du 10 janvier dernier notamment le Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana), la Base aérienne 511, le camp Guillaume Ouédraogo tous situés au cœur de la capitale, mais aussi le QG de la 1ère région militaire de Kaya au Centre-Nord du pays. Que voulaient ces militaires qui ont fait ce ramdam avec leurs fusils ? Jusqu’en début d’après midi nul ne le savait pas même le ministre de la Défense, le général Barthélémy Simporé, lequel sur le plateau de la Télévision nationale affirmait que la hiérarchie suivait ces évènements gravissimes de près. C’est quasiment dans l’après-midi que les mutins ont égrené les raisons de leur saute d’humeur résumées en 6 points : – moyens adaptés à cette guerre asymétrique et effectifs conséquents pour affronter les terroristes ; – congédiement du CEMGA, du CMAT et du DG de l’Agence nationale du renseignement (ANR) ; – Meilleure prise en charge des blessés de guerre et des familles des défunts – Evacuation des blessés de guerre des FAN ; – Formation du personnel adapté à la menace ; – Constitution d’unités permanentes et collecte d’effectifs. Six injonctions de mutins militaires qui sont autant de coups de semonce accompagnant leurs staccatos des armes de ce 23 janvier pour signifier une césure avec certains de la hiérarchie mais surtout un avertissement à grand bruit pour attirer l’attention qu’eux les hommes du rang ne sont plus prêts à aller au casse-pipe terroriste c’est-à-dire sans être dotés d’un certain matériel et viatique nécessaire . Les civils face au djihadisme ont payé un lourd tribut, les militaires également. Cette mutinerie de potron-minet de ce dimanche 23 janvier est le signe d’une lassitude qu’il faudrait prendre en compte. Mais cet accès coléreux des militaires s’apparente à des velléités de raccourci militaire. Qui n’a pas été effleuré depuis quelques jours et surtout depuis hier dès les premiers coups de feu qu’il s’agissait d’un coup d’Etat ? Qui n’a pas pensé à une sorte de jonction entre les marches interdites du samedi et cette sortie tonitruante de la soldatesque ? A vrai dire, il y a une sorte de chienlit qui s’installe insidieusement et un travail de sape et de pourrissement qui se sait et qui affaiblit le pouvoir. Autant on peut déplorer ce manque de moyens, les supposés éloignements de gradés de la troupe en un mot les griefs des soldats sont à prendre au sérieux autant on ne peut pas cautionner un coup d’Etat même jugé salvateur ! L’effet Goïta est peut-être tentant mais gare à la confusion entre vessie et lanterne. Maintenant, il appartient au pouvoir de Roch Kaboré de prendre la mesure du profond malaise de l’armée, d’y apporter quelques solutions pour les plus urgentes de résoudre les autres au fur et à mesure. Car ce qu’il faut comprendre aussi, les militaires à partir d’un certain moment en observant les civils, se muent en sauveurs quand le pays touche le fond et à tout coup d’Etat les …civils ne sont jamais loin. Si ce ne sont pas eux qui poussent à la roue …

La rédaction

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