Mort du président iranien, Ebrahim Raïssi vue de l’AES : L’Etat théocratique  demeurera l’allié  du Burkina- Mali-Niger

Mort du président iranien, Ebrahim Raïssi vue de l’AES : L’Etat théocratique  demeurera l’allié  du Burkina- Mali-Niger

La nouvelle redoutée, mais susurrée depuis 48 heures, est finalement tombée drue et imparable : le président iranien, Ebrahim Raïssi (et le ministre des Affaires étrangères plus 7 autres personnes) qui revenait de la frontière azerbaïdjanaise où il a inauguré un barrage avec son homologue Ilham Aliyev de ce pays a péri dans un accident d’hélicoptère, sur les hauteurs enneigées de montagnes quasi-inaccessibles.

En attendant les résultats d’enquête plus poussée, on indexe la vétusté des appareils iraniens, car la flotte aérienne militaire date des années 80, au moment de la révolution islamique.

Agé de 63 ans, Ebrahim Raïssi était présenté comme le dauphin du Guide suprême qu’il aurait pu succéder le moment venu, l’Ayatollah Khamenei ayant 85 ans.

Raïssi a été élu le 18 juin 2021 comme président de l’Iran, et surtout figure de l’aile ultra conservateur. Il a succèdé à Hassane Roani. Que représente cette disparition pour l’AES de celui qui a été patron du système judiciaire dans cet Etat théocratique ?

Au Burkina Faso-Mali-Niger, dirigés désormais par des militaires putschistes, les faces de la géopolitique ont changé. Indésirables par les pays de l’AES, formé par ce triumvirat kaki du Sahel, les pays occidentaux du moins leurs armées, ont été peu à peu poussées à la porte.

Dans le sillage du retrait de la France au Mali et au Burkina Faso et des Américains en cours au Niger, si on excepte le grand ours russe, c’est la Turquie et le régime des Mollah qui ont pris la place.

Subrepticement, mais de façon tranchée, l’Iran a pris pied au Sahel. Dans les années passées, on ne parlait de l’Iran au Burkina Faso que par exemple, lors de sa foire à Ouagadougou. Désormais et surtout face à la menace terroriste, c’est un Iran qui devient un allié sécuritaire et même plus. En octobre 2023, Téhéran et Ouaga ont signé de nombreux accords dans les secteurs de l’énergie, de l’urbanisme, de l’enseignement supérieur, et de la construction. Au Mali, la livraison de drones et la création de 2 universités ont été annoncées en janvier 2024.

Normal, Ebrahim Raïssi qui était déjà un défenseur des démunis et qui avait une aversion pour la corruption, s’est engouffré dans la brèche.

La mort du président iranien ne changera d’ailleurs pas la donne avec les pays de l’AES, on peut compter pour cela sur le Guide suprême l’Ayatollah Khamenei, vrai maître de l’Iran.

Le langage révolutionnaire, la rhétorique tiers-mondiste et anti-impérialiste seront toujours l’apanage de l’Iran envers ces pays en rupture de ban avec la France.

L’Iran ne changera pas son fusil d’épaule même sans Raïssi, car ayant augmenté sa production d’uranium enrichi à 60% selon l’AIEA, il est déjà au Niger pour solliciter l’uranium exploité jusqu’à présent par la Société française Orano, mais visiblement qui va perdre ce marché.

Seul bémol à ces perspectives avec l’AES, l’Iran connaît aussi des problèmes domestiques : la mort de Masha Amini qui a mis l’Iran sens dessus dessous est venu en fait, exacerber une situation qui couvait déjà. Outre le dossier sur le nucléaire, l’Iran connaît des contradictions internes entre radicaux (tel le président du parlement, Mohamed Ghalibaf) et des modérés, et chacun se préparait pour la présidentielle de 2025. Et ce n’est pas tout!

Les évènements dans la province du Baloutchistan (Sud-Est) sont aussi un marqueur important dans cet état où les gardiens de la révolution dictent leur loi. Bref, au fond, rien ne change fondamentalement avec l’AES, laquelle devra pourtant être prudentissime.

La REDACTION

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