3 Anacondas diplomatiques avalés, ça donne le torticolis politique même si on a le cuir bien tanné : c’est ce qu’a vécu l’Angola ces derniers jours dans la médiation de l’Est de la RD Congo où depuis 2 années, le président Joao Lourenço s’échine à faire fumer le calumet de la paix à Félix Tshisekedi et à Paul Kagame. Pendant des mois, le chef de l’Etat angolais a caressé le secret-espoir d’être le faiseur de paix dans ce Kivu sous flammes et poudre.
Le processus de Luanda porte sa marque et fin novembre 2024, l’Angola avait même annoncé qu’on était au bord d’une signature de paix. Mais, voilà qu’en l’espace de 3 mois, ce sont des déconvenues diplomatiques qui ont de quoi mettre sur les dents, le patient et obstiné Lourenço.
Décembre 2024, premier rendez-vous manqué entre Tshisekedi et Kagame, le premier était à Luanda, le second pas. Le 18 mars dernier, une photo des 2 présidents devant un Emir du Qatar tout sourire acheva de convaincre Luanda qu’il était out dans la médiation dans le contentieux entre Kinshasa et Kigali. D’autant que courant 18 mars, une délégation congolaise a fait le pied de grue devant la salle de rencontre attendant en vain celle de l’AFC-M23.
Evidemment, officiellement Joao Lourenço se dit plus préoccupé par les problèmes continentaux, avec sa casquette de président de l’UA, il veut consacrer plus de temps à la paix en Afrique, aux infrastructures, à la santé publique, aux réputations des Afro-descendants.
Néanmoins, on sait que la rencontre de Doha a mécontenté Luanda, dont le ministre des Affaires étrangères s’est publiquement plaint. Rien de nouveau d’ailleurs, quand on sait qu’entre Kigali et Luanda, les relations ne sont pas cordiales.
Il faut donc déplorer ce jet d’éponge de l’Angola, car au-delà du pays, il y avait un processus éponyme, et comme l’EAC et la SADC, rivaux mais complémentaires, les processus de Luanda et de Nairobi s’imbriquaient et quoique poussifs, il y avait à espérer. Le conflit à l’Est de la RD Congo est complexe, intermittent, et a des implications sous-régionales et même internationales. Qu’il y ait plusieurs missi dominici, peut paraître lourd, mais c’est une crise qui requiert tant une médiation du voisinage que celle externalisée.
De guerre lasse donc, l’Angola a décidé d’abandonner la patate brûlante congolaise d’autant que d’autres médiateurs se sont bien positionnés et ont apparemment plus de succès. C’est la suite qui dira si oui ou non, le retrait de la médiation angolaise aura un impact positif ou négatif sur le processus de paix.
La REDACTION
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