«Tout d’abord félicitations au PASTEF, à vous excellence M. le président Bassirou Diomaye Faye, à Ousmane Sonko, à vos militants et aux Sénégalais pour cette victoire de la démocratie, cette croyance en vos idéaux pour lesquels vous n’avez reculé devant rien pour les atteindre, il y a un peu du Sankara dans ce que vous avez fait, ce qui inscrit votre élection dans une historialité à nulle part égale au Sénégal et dans la sous-région.
Avoir son parti dissous son leader en l’occurrence Ousmane Sonko, croulant sous les ennuis judiciaires, toute cette méharée christique avec la prison, la maladie, et continuer à marcher aux côtés de la jeunesse sénégalaise (et pas seulement elle) vers des lendemains qui chantent, c’est à féliciter.
Le 2 avril 2024, lorsque vous vous installerez dans le fauteuil présidentiel, sis Avenue Senghor (ex-Avenue Roume) vous hériterez de tout ce que vos devanciers ont construit de Senghor à Sall, mais aussi de tous les problèmes en rade laissés par eux ! Un lourd legs ! Vous cessez d’être le «plan B» du PASTEF, mais le président de la République du Sénégal.
Or, le pouvoir est solitaire, le chef est toujours seul. Vous aurez vos collaborateurs, vos ministres, vos 2 charmantes épouses qui vous chuchoteront sous oreiller des conseils utiles mais, vous serez à un moment ou à un autre seul à décider, à arbitrer. Dans le cas de figure, pas exactement, il y a votre mentor ou alter ego, Ousmane Sonko qui sera près de vous. Ce sera un duo, mais c’est vous le président !
Et c’est justement de cet attelage bicéphale avec Sonko que nous voulons parler, apporter notre modeste contribution en tant que journaliste et analyste politique. Nous avons suivi et suivons l’actualité politique du Sénégal depuis près d’un quart de siècle, nous avons eu la chance de couvrir certains de ses évènements majeurs, interviewé et échangé avec certains leaders : il y a eu et il y a toujours des dirigeants politiques de qualité au Sénégal : les Amath Dansokho, Djibo Ka, Ousmane Tanor Dieng… de vénérable mémoire, que Dieu les agrée et Me Abdoulaye Wade, le Prof. Abdoulaye Bathily, Aminata Tall Sall, Karim Wade…
De cette expérience pelliculaire du landernau sénégalais et à la lumière de cette présidentielle dont l’onde de choc positive va iradier au-delà du Sénégal, nous estimons que pour que le PASTEF, sous votre clairevoyance (l’unanimité sur votre intelligence, humilité et vision est faite), pour que le PASTEF réussisse, cette mission quasi-messianique à vous confiée par le peuple sénégalais, il vous faut un bon casting dans le choix des hommes notament du premier ministre.
On entend déjà beaucoup suggérer de mettre Ousmane Sonko comme chef de gouvernement , ce qui fera que les 2 têtes de l’Exécutif seront vous et votre pygmalion politique. C’est une solution de facilité, mais à notre humble avis qui ne prosperera pas longtemps, à tout le moins risque de ne pas durer tout le quinquennat ! En effet, dès les 2 premières années, ce sera l’idylle, ce sera l’écoute mutuelle, mais cette entente ne durera pas.
D’abord, parce que c’est vous le président, mais c’est grâce à Sonko que vous avez étrenné ce pouvoir suprême. Il arrivera un moment où en tant que président, vous prendrez certaines décisions qui ne plairont pas à Sonko, qui est votre premier ministre ou vice -versa. En tant que chef d’Etat, l’entourage vous poussera à une sorte d’émancipation et vous avez aussi votre petite fierté, c’est humain … Que faire dans ce cas avec un premier ministre Ousmane Sonko que vous ne pouvez pas congédier ? Les Anglo-saxons disent «N’embauchez jamais quelqu’un que vous ne pouvez pas licencier».Certes Sonko n’est pas un employé, mais lui premier ministre, ce sera un président de la République bis, il ne sera pas le fusible habituel qu’on saute lorsque le mercure socio-politique monte. Et très vite 2 camps vont se former : les «Diomayistes» et les «Sonkoistes» pour le plus grand mal du PASTEF et de la gouvernance. Car les flonflons de la victoire passée, les youyous et les festivités écoulées, la réalité apparaîtra au grand jour et le gouvernement devra déboiter au quart de tour, car être dans l’opposition paraît facile, le pouvoir au-delà des lambris dorés des palais, l’exercice du pouvoir d’Etat ne s’apprend que lorsqu’on est … au pouvoir. Il n’y a pas d’école, ni de training pour…
Un duo Diomaye-Sonko sera applaudi, mais vous vous connaissez trop, pour que cette alcôve politique puisse durer avec le pouvoir en main. Le PASTEF risque rapidement aussi d’être traversé par des courants centrifuges ou pire imploser. Ce serait dommage ! Il y a aussi que tout presse et cette jeunesse qui vous a porté au pouvoir a des exigences et les attend avec frénésie ! Il n’y aura pas d’état de grâce, Exellence M le président.
Enfin, convoquez l’histoire ou parcourez Le Prince, de Machiavel qui dit en substance que tôt ou tard, il arrive que si vous êtes cause que quelqu’un soit roi, ce dernier vous remerciera en monnaie de singe. Le pouvoir suprême ne se partage pas, c’est une vérité irréfragable et indépassable. Or, Sonko PM, certaines bouches fendues au mauvais endroit rappelleront à un moment à Diomaye qu’il doit son fauteuil à… Sonko. Ce qui est vrai ! Nous vous proposons et avec l’accord de Sonko, de le mettre à l’Assemblée nationale. Vous prendrez un risque calculé de renvoyer les honorables députés de la Place Soweto à leurs mandants tout en souhaitant obtenir la majorité à l’issue de ces législatives. Du perchoir, Ousmane Sonko sera très utile au pouvoir du PASTEF et vous ne vous générez pas via souvent vos proches.
Mettez par exemple, un Karim Wade premier ministre, question de mieux conquérir le PDS, ou un apparatchik du PASTEF, peu importe, mais SVP, pas Sonko! Telle est notre petite contribution, Excellence Monsieur le président Bassirou Dioamaye Faye que nous, en tant que «gratte-papier» ou tape-clavier avons pris le risque de partager, car le Sénégal fait la fierté de l’Afrique en restant cette lampe éclairée de la démocratie. l
Dieudonné ZOUNGRANA
Journaliste burkinabè
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