Laurent Gbagbo, Blé Goudé et la CPI : A quand la fin du long tango politico-judiciaire ?

Laurent Gbagbo, Blé Goudé et la CPI : A quand la fin du long tango politico-judiciaire ?

Si les Ivoiriens sont férus de séries télévisées, ils devraient être bien servis avec le feuilleton baptisé «Gbagbo, Blé Goudé et la CPI !». Et comme il est de coutume dans la plupart des séries à suspense, les partisans notamment de l’ancien président ivoirien sont passés par tous les stades des sentiments humains : colère, joie, tristesse, puis joie, joie immense, suivie immédiatement d’une tristesse marbrée de colère.

Et c’est bien ce qui a été donné de constater depuis l’annonce de la possible liberté provisoire des deux hommes politiques du pays de l’Eburnie. Le 15 janvier 2019, la capitale ivoirienne explosait de joie. Le feuilleton venait de connaître un tournant décisif : «Laurent Gbagbo et Blé Goudé sont acquittés et doivent être libérés immédiatement». Cette joie est plus immense que quelques jours plus tôt où l’un des avocats de la famille Gbagbo avait prématurément annoncé la «bonne nouvelle», avant de la démentir quelques heures plus tard. Mais les férus du Woody de Mama avaient eu le temps d’esquisser des pas de danse de coupé décalé et de zouglou.

Mais ils ont été ensuite obligés de ranger le «garba» de la victoire, tout comme ce 15 janvier au soir où les perspectives de voir les deux célèbres hommes atterrir et fouler les rives de la lagune Ebrié ont été éteintes comme une braise sous une douche brusque. Le procureur avait interjeté appel contre «la mise en liberté immédiate» et les «prisonniers» devraient rester en prison, le temps que les juges examinent cette demande.

L’argument avancé était que c’était possible que les deux hommes prennent la poudre d’escampette et se soustraient à la justice avant l’examen de l’appel interjeté cette fois comme l’acquittement. Voilà donc Woody de Mama et son fidèle lieutenant en train de faire le pied de grue à la Haye. Et le marathon n’est pas prêt de s’arrêter.

Le tango que dansent ces deux hommes et la juridiction internationale s’annonce long, plein de rebondissements, de cris, de soupirs d’impatience. Car, l’imbroglio procédural exhumé a de quoi faire perdre son latin aux plus aguerris des yeux de Sioux.

Par exemple, ce 1er février, si jamais les juges décident de renvoyer l’affaire devant la Chambre de première instance, une longue procédure s’annonce. S’ils décident de trancher eux-mêmes, ils ont le choix de confirmer la décision de libération immédiate. Cette décision ne sera cependant pas rendue publique avant plusieurs jours. S’ils décident par contre de libérer les deux hommes sous certaines conditions, Blé Goudé et son président ne pourront pas aller en Côte d’Ivoire mais en Belgique.

Mais ce ne sera pas fini. Puisqu’il faut que les juges tranchent l’appel sur l’acquittement. Ils pourraient confirmer la décision ou alors renvoyer l’affaire devant une autre Chambre et elle reprendra presque à zéro, avec des appels de témoins, des réquisitions et des plaidoiries, avant une décision qui pourrait être à son tour attaquée en appel.

Le tango s’annonce donc long. Que les danseurs préparent leurs jarrets et que les spectateurs musclent leurs yeux et… leur patience !

Ahmed BAMBARA

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