Jamais 2 sans trois : 1992-2015 et 2024 en matière de CAN, la Côte d’Ivoire a désormais 3 étoiles sur son maillon. Le président Alassane aussi car c’est en tant que premier ministre et président que Dame Coupe s’est laissée conquérir par son pays.
La Coupe d’Afriques des Nations (CAN) Côte d’Ivoire 2023 a refermé ses portes, telle qu’elle les avait ouvertes. Ferveur carnavalesque, lumières et décibels ont rythmé la cérémonie de clôture de cette CAN presqu’inédite, qui restera gravée dans les mémoires collectives, tant elle fut porteuse de germes politiques et d’émotions sportives.
En effet, comment ne pas se souvenir que c’est en pleine compétition de cette 34e CAN de nom, que le Burkina, le Mali et le Niger, unis à travers l’ Alliance des Etats du Sahel (AES), ont décidé de prendre leurs destins en main, en quittant la CEDEAO ? Comment ne pas retenir qu’en pleine CAN, le Sénégal enregistrait 3 morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels, suite à la volonté manifeste de Macky Sall de prolonger son bail présidentiel de 10 mois ? Le doigt pointé sur la tempe, la main sur la bouche, comment ignorer le geste d’interpellation formulé à l’endroit de la Communauté internationale par les joueurs de la République démocratique du Congo pendant l’hymne nationale de leur pays ? Sans le vouloir, Côte d’Ivoire 2023 devient à son corps défendant, une date référente en rapport à certaines actualités politiques sur le continent, particulièrement dans la sous-région ouest-africaine.
Sur le registre sportif, cette 34e CAN de rang aura, plus que tout autre, fait parler d’elle par la qualité de ses infrastructures (stades, terrains d’entraînement, hôtels, routes), l’affluence et la chaleur du public mais surtout l’effet enivrant de sa potion magique, fait de spectacle, de surprises, de quelques folies et de buts. Comme motivés par une divine envie de redistribution des cartes, les dieux du football ont volontiers élevé le niveau du «purgatoire» de l’édition 2023. L’Algérie, le Ghana, la Tunisie, le Sénégal, le Cameroun, le Maroc… seigneurs d’autrefois pour les uns, favoris incontestés pour les autres, tous ont été éjectés de la table du festin. L’hôte Eléphant a lui-même été léché par les flammes, avant d’opérer sa mue conquérante.
Poussé par un stade d’Ebimpé Alassane Ouattara «orange» plein à craquer, le onze ivoirien ne partait certes pas favori, mais il avait un atout important, notamment l’avantage psychologique et la conviction qu’après tant de signaux presque divins, le sort ne pouvait que se parer d’un manteau bienséant. Les Eléphants vont rassurer d’entrée, sans pour autant pouvoir déstabiliser les Nigérians, mentalement et physiquement solides. L’unique occasion sur corner est transformé en but, sur la montée du géant capitaine nigérian Ekong. Un tir cadré, un but.
Avant la finale tant attendue, place a été faite le samedi dernier au match de classement. La médaille de bronze a été remportée par l’Afrique du Sud, après l’épreuve fatidique des tirs au but. Absente au Cameroun, la nation arc-en-ciel réédite l’exploit de 2000 au Ghana où elle avait fini sa course sur la troisième marche du podium.
Ainsi donc, la fête du football africain referme ses portes sur un triomphe des Eléphants de Côte d’Ivoire 2 buts à 1. Tel un coup de grisou, le rêve entretenu par le peuple ivoirien, dans un climat d’éléphants-miraculés, a explosé ce soir de 11 février au stade Allasane Ouattara d’Ebimpé, produisant dans toute la Côte d’Ivoire une onde de choc retentissante, livrant les rues d’Abidjan, Soubré, Bouaké, Man, Korogho et autres, à une liesse indescriptible. Peut-il en être autrement, après une telle résurrection ! Reconnaissons le mérite de cette sélection ivoirienne qui n’était pas attendue sur le toit de l’Afrique et qui aurait contre toute attente, su puiser ses forces dans le soutien de son public et de ses autorités pour décrocher une troisième médaille continentale.
Tout autant, convenons-en, il faut reconnaître le mérite de l’Eléphant Allasane Ouattara qui incarne, quoi que l’on dise, le miracle ivoirien, avec le succès de cette CAN que de nombreux observateurs considèrent comme l’une des meilleures du point de vue organisationnel et brassage populaire. Au-delà de la victoire et de la beauté du cliché humain et touristique que renvoie la Côte d’Ivoire, le président ivoirien aura surtout réussi un pari fondamental, celui d’avoir fédérer par le canal du football, les fils et filles de la nation ivoirienne. Pour beaucoup d’Africains, «Dieu aura tout donné» à l’enfant de Dimbokro. Visionnaire en tout même dans ce football dont il sait que les dividendes politiques et économiques seront immenses. Il ya de quoi décreter ce 12 février chomé et payé en Côte d’Ivoire
Si cette sélection de l’enfant du pays (Emerse Faé) et ses garçons ont eu les ressources et les ressorts nécessaires pour reprendre le chemin de la marche au moment où plus personne ne misait un kopec sur eux, c’est incontestablement du fait qu’ils ont été portés à bout de bras par le peuple ivoirien, uni par un seul objectif : la victoire des leurs. Il est à parier que les Ivoiriens n’oublieront pas le miracle qu’a pu opérer la force de l’union d’esprit, d’amour et d’ondes positives dont ils ont fait preuve au tour de leur sélection nationale. C’était fou ! Fou ! Fou !
Cette leçon de solidarité agissante devrait inspirer toute l’Afrique, en chantiers pour son développement et en lutte pour la prise en main de son destin. Rien n’est plus fort qu’un peuple uni et prêt à braver tous les obstacles afin d’assumer pleinement son destin. Le peuple ivoirien vient d’en administrer la preuve : ce qui les unit est plus fort que ce qui les sépare.
Hamed JUNIOR
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