Karim Wade de nouveau « éligible » : Une rédemption politique possible, mais chronophage

Karim Wade de nouveau « éligible » : Une rédemption politique possible, mais chronophage

C’est un coup de pression que le conseil de Karim Wade exerce sur l’Etat sénégalais. Dans un communiqué, daté du 21 septembre dernier,  le collectif d’avocats de l’ancien ministre « du ciel et de la terre » de la période faste de l’ANOCI, Karim Wade, annonce que son client a retrouvé son droit d’être électeur et éligible depuis le 21 août 2020.

Convaincus de la justesse de leur position, ils  demandent sa réinscription «sans délais» sur les listes électorales. Selon le collectif, l’État du Sénégal est tenu de se conformer strictement au respect de la Constitution et des traités internationaux qui garantissent les droits de Karim Wade. À cet effet, il l’invite à procéder «sans délai à la réinscription de Karim Wade sur les listes électorales». Par ailleurs, il réaffirme sa détermination «à faire réviser son procès, comme l’exigent le comité des droits de l’homme des Nations unies ainsi que de nombreuses organisations qui agissent pour la défense des droits de l’homme et le respect des libertés et de la démocratie au Sénégal».

Cet appel qui intervient à trois ans de la prochaine présidentielle sonne comme la volonté affichée de Wade-fils de se lancer à l’assaut de la magistrature suprême. Ce fils par qui, le père a eu maille à partir avec plusieurs de ses camarades de lutte et qui a quelque peu été la cause de sa défaite dans les urnes face à son ancien lieutenant Macky Sall en mars 2012. Et l’image d’Epinal du 27 septembre 2019, entre « Ablaye » Wade et Macky Sall lors de l’inauguration de la Grande mosquée Massalkoul Jinan de Colobane à Dakar avait alerté de nombreux Sénégalais que le Gorgui avait toujours l’estime de son fils spirituel qui l’a terrassé dans les urnes 7 ans auparavant.

Nul besoin donc d’être divin pour savoir que celui qui a bénéficié d’un arrangement politique entre son père d’ex-président et l’actuel chef de l’Etat préparait son retour au pays où il compte faire les yeux doux à ses compatriotes pour une éventuelle réhabilitation. Et on pourrait tout reprocher à Abdoulaye Wade sauf de n’avoir soutenu ce fils «banni et vomi» par les Sénégalais depuis son entrée en politique. Le moins qu’on puisse dire, c’est que contre vents et marées, Gorgui a tenté par tous les moyens de mettre Karim Wade sur orbite en vain.

Du reste, son parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS) en a fait les frais, avec des vagues de démissions qui ont fini par le priver de sa sève nourricière et des pans de bastions électoraux. Réduit aujourd’hui à une portion congrue, le PDS tente de se refaire une santé avec de nouvelles têtes mais le risque de voir les vieux démons resurgir reste énorme car jusque-là, le nom de Wade-fils sonne faux dans les oreilles de nombreux  Sénégalais. Pour ce faire, il faudra aller méthodiquement, car un forcing ne ferait que raviver les ressentiments à son égard.

En effet, une éventuelle réinscription du célèbre métis du Sénégal et son come-back au bercail sont dans l’univers du probable. Quant à s’emparer véritablement de l’appareil, c’est-à-dire du parti dont le siège majestueux trône sur la VDN (voie de contournement national) à Dakar, et du sceptre de son père au PDS, ceci reste un scénario dont il faudra imaginer les articulations, c’est-à-dire la trame, l’histoire comme dans un film de la nouvelle télé sénégalaise Sunu Yeuf !

Depuis le Qatar Karim, certes suit la politique, à des fidèles mais, il devra revenir se battre, s’imposer, prouver que son seul mérite n’est pas d’être le « fils de » mais qu’il a l’envergure pour cornaquer le PDS et digne d’en être le champion pour les joutes électorales de 2023.

La rédemption politique est possible pour « Rimka », appelation des intimes à condition que le père biologique lui laisse faire son training, à savoir se faire accepter par les militants, et le reste viendra naturellement. Karim n’a que 52 ans, dans une famille où l’on vit centenaire, il a encore 3 décennies au moins devant lui, pour demander le suffrage des Sénégalais, afin d’être un jour  comme son père un locataire de l’Avenue Senghor, siège de la présidence. Une course de fond, pas un sprint ! Karim doit donner  du temps au temps, son meilleur allié d’ailleurs !

Davy Richard Sekoné

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