Félix Tshisekedi et Paul Kagame se parlant face-à-face. Pour une surprise émiratie, c’en est une, celle de l’Emir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, qui a réussi cette prouesse diplomatique. La diplomatie souterraine, sans fanfare ni trompette, semble avoir plus de résultats que celle sous les feux de la rampe, mondovisionalisée : la preuve par ce coup de poker de l’Emir du Qatar, le miraculeux qui a coiffé au poteau les présidents Joao Lourenço de Luanda, les Obasanjo et autre Uhuru, ignoré les sanctions des USA, de la Grande Bretagne, de l’UE…
Alors que des missi dominici congolais rongeaient leurs freins à Luanda hier 18 mars, attendant une improbable venue de la délégation du mouvement politico-militaire AFD-M23, secrètement, les avions des 2 présidents étaient déjà à 10 mille pieds au-dessus de la mer, cap sur le Qatar où Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont enfin pris langue, une année après leur dernier entretien glacial en février 2024 !
Hamad Al Thani a donc réussi où SADC-EAC et toute la kyrielle d’organisations et de personnalités ont échoué. Deux leçons se dégagent à brûle-pourpoint de ce tête-à-tête Tshisekedi-Kagame de Doha :
1) Le président Félix Tshisekedi a finalement obtenu gain de cause : discuter avec le président rwandais directement qu’avec ceux qu’il appelle «pantins», les responsables de l’AFD-M23 sans les nommer. Car on imagine mal qu’il irait à Doha, alors que la délégation qui le représente dans la capitale angolaise «poireaute» inutilement. C’est avec Paul Kagame qu’il parlera ou rien ! Luanda finalement était-il un leurre diplomatique, alors que c’est à Doha que le vrai rendez-vous aurait lieu ? On peut l’affirmer, et même que Paul Kagame ne pouvait ignorait que si ses «filleuls» de l’AFC-M23 ne sont pas allés à Luanda, lui savait qu’il irait au Qatar !
2) On peut ergoter sur les détails, les raisons, mais la diplomatie du pétrodollar semble avoir plus d’effets que toutes les autres chorégraphies de négociation.
La monarchie qatarie, généralement parvient à s’offrir ce qu’elle veut sur cette planète. Du football, aux hôtels, qui sont la face visible de sa hyperpuissance, le Qatar a de l’influence et ce n’est pas la France qui dira le contraire, le Qatar est partout en France. Le rayonnement fait de ce pays-éponge en pétrole et surtout en gaz un puissant Etat confettis avec 20 millions d’habitants et seulement 300 mille Qataris.
Si Hamad Al Thani a réussi à faire déplacer ces présidents qui se détestent royalement, c’est qu’il y a mis tous les moyens. Financièrement surtout car qui paie commande, mais surtout influence. Très peu de nations regarderont par 2 fois avant de dire non à cette monarchie du Golfe persique. De la guerre au Proche-Orient, et au Moyen-Orient, le Qatar a son mot à dire. Maintenant, dans les Grands Lacs également.
Quelle sera la suite de cette diplomatie qatarie sur l’Est de la RD Congo, laquelle diplomatie démarre en catimini mais sur des chapeaux de roues ? Quel protocole a arrêté l’Emir Hamad Al Thani ? Et par quels moyens, il compte passer pour obtenir l’encore introuvable paix au Sud et Nord-Kivu ? Quelle solution globale pour cette guerre à fragmentation temporelle ?
Pour le moment, rien ne filtre mais depuis cet après-midi du mardi 18 mars, on ne peut que se féliciter de ce coup de maître émirati, qui confirme une réputation d’une petite nation-Crésus qui tutoie diplomatiquement les grands pays de la planète. Tout en espérant un aboutissement efficient et rapide dans cette guerre où il ne faut pas oublier qu’elle exhale une forte odeur de métaux précieux, donc de finances. En tout cas, ce coup d’éclat diplomatique fait dire qu’à l’Emir Al Thani, rien d’impossible et qu’au-delà de la RD Congo dans les conflits en Afrique, l’Emir a peut-être la solution miracle !
Dieudonné Zowenmanogo ZOUNGRANA
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