Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa : Quand la justice malienne décide de poursuivre des fantômes

Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa : Quand la justice malienne décide de poursuivre des fantômes

Rebelles et djihadistes, c’est kif-kif bourriquot, pour la justice malienne qui met donc les rebelles du CSP, signataires du comateux Accord d’Alger de 2015 et les terroristes du GSIM dans le même panier, et décide de les poursuivre et les juger.

L’ouverture de cette information judiciaire contre les Bilal Ag Acherif, Alghabass Ag Intalla, et Cie du conglomérat qui a absorbé plusieurs groupes rebelles, notamment la CMA, le HCUA … et surtout contre des figures totémiques du GSIM comme Ag Ghali et Koufa, sont des actes régaliens et surtout basés sur des qualificatifs délictuels et criminels valables. Dans cette guerre asymétrique, l’idéal en effet est de pouvoir mettre la main sur certains gourous terroristes, qui sont des pépites en matière d’informations sur les katibas et leurs activités. Et on ne trouvera personne pour reprocher au Mali de vouloir juger des gens qui ont pris les armes certains depuis près de 3 décennies contre des Maliens.

Sauf que c’est l’opérationnalisation de cette action judiciaire qui pose problème, pour ne pas dire qu’elle s’apparente à un pari fou et risqué. D’abord, même pour les leaders du CSP, ce ne sera pas une promenade de santé. Des hommes qui ont tenu tête aux FAMa, pendant des semaines à Kidal ne sont pas n’importe quels rebelles ! Des gens qui tiennent des pans du territoire malien, depuis des années, et qui oblige Bamako à s’asseoir à une table pour discuter, convenons, que ce n’est pas le Malien Tartempion. Encore que pour ces chefs du CSP, on peut se dire qu’à la limite, c’est réalisable.

Mais là où la justice semble vouloir courir après des fantômes, c’est de vouloir juger Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa. A moins de le faire in absentia, tenir à ce que ces 2 soient dans le box des accusés, c’est vraiment inimaginable.

Comment en effet, alpaguer Iyad Ag Ghali, ce pensionnaire de la Légion islamique du colonel Kadhafi dans les années 80, jusqu’en 2023, où il est toujours signataire par le sang des actes terroristes ? La preuve, l’attaque de Djibo au Burkina ce 26 novembre 2023 relève de sa paternité.

Le pédigrée, la résilience, les alliances et trahisons, et sans doute sa baraka proverbiale en imposent, si fait que pour arrêter et juger Ag Ghali, c’est comme attraper le vent, sans exagération de vocable !

La création du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) le 28 juin 1990, c’est lui, le Mouvement populaire de l’Azawad (MPA) en décembre 1990, c’est encore lui !

Au début des années 2000, il se radicalise avec la Jamaat-Al-Tabligh pakistanais. Il ne serre plus les mains de femmes, et est très fréquent dans les mosquées. En ces années 2000, il s’illustre, en participant par la médiation  à la libération des otages du GSPC d’Abou Zeid. Il se rapproche du président ATT, une relation qui tourne court, puisqu’il sera nommé conseiller consulaire en Arabie Saoudite, pour 3 années et explusé.

En 2010, son ombre plane sur les otages d’Areva au Niger. En 2011, mécontent de n’avoir pas pu prendre la tête du MNLA, il crée Ansar Eddine. Aujourd’hui, c’est un vieux renard terroriste qui a échappé à Barkhane et aux FAMa, et qui vit quelque part dans les contreforts des montagnes algériennes, qu’est Ag Ghali lequel continue ses activités terroristes. Il n’a pas pu devenir Amenokal (chef traditionnel des Ifoghas) mais, il est le patron d’une galaxie terroriste forte de plusieurs katibas, et demeure introuvable, sauf s’il le veut et fait quelquefois des apparitions.

L’autre fantôme, que la justice malienne veut juger est Amadou Koufa. Donné plusieurs fois pour tué, celui qui est devenu une légende dans le Macina doit sa notoriété d’abord à ses prêches qui sont très écoutés. Que ce soit à Garbal ou Konna, Koufa a acquis une stature de grand prédicateur salafiste. Personne ne le connaît, ni l’a jamais rencontré, mais on dit que certains descentes dans des villages «impies», portent sa marque. Il parle des problèmes des populations et plaît. Les grandes familles maraboutiques, les voleurs de bétail, les femmes non voilées … sont flétris par lui.

Né selon certains vers 1965, Koufa serait un nom d’emprunt, d’un village de Nianfunké, il serait en réalité Cissé. Dili, Sévaré et bien d’autres villages le voient passer pour apprendre auprès des marabouts dès 15 ans, apprend-t-on. En 2009, à Bamako,  il est aux côtés d’un certain Iyad Ag Ghali lors d’une manifestation contre le code de famille.

On le dit proche de la secte des Dawa (fondamentalistes). Décrit à la fois comme un poète et un soldat, nul ne sait où Koufa se terre, et ses rarissimes apparitions se comptent aussi du bout des doigts. Il a de qui tenir. Et un proverbe africain dit que «le varan qui fait de vieux os est celui qui reste terré, sans sortir». Comment la justice malienne va arrêter ce «Fantômas» du Macina ?

Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

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