Grâce présidentielle du Général Doumbouya à Moussa Dadis Camara : Miséricorde d’Aïd-El-Fitr ou clin d’œil à un grand électeur ?

Grâce présidentielle du Général Doumbouya à Moussa Dadis Camara : Miséricorde d’Aïd-El-Fitr ou clin d’œil à un grand électeur ?

En tout cas des hier les choses sont allées très vite.  Le garde des sceaux Yaya Kaba a procédé à l’exécution de la décision présidentielle et c’est un Moussa   Dadis qui hume l’air de la liberté  qui est rentré chez lui.

Beau cadeau d’Aïd-El-Fitr du Général-président Mamadi Doumbouya à Moussa Dadis Camara : la grâce présidentielle ! L’Oukase de dédommager les victimes et viols du 28 septembre 2009, ce 28 mars 2025 et à 2 jours de la fête du Ramadan, cette mansuétude du prince à l’égard de l’ex-patron du CNDD ne manque d’interroger, d’interloquer et d’intriguer, même si ce sont des raisons médicales qui ont dicté cette prérogative discrétionnaire du chef de l’Etat guinéen.

Condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans l’innommable du stade du 28-Septembre, Dadis purgeait donc sa peine, et soudain par un décret lu par le porte-parole de la présidence guinéenne, le Général Amara Camara, à la télévision nationale, le voilà libre ! Tollé général évidemment dans les rangs des rares survivants da la tragédie survenue il y a 16 ans, car 8 mois à peine séparent la condamnation à cette libération surtout qu’il y a un appel de leurs avocats et des parties civiles qui attendent d’ailleurs vainement un début des réparations promises.

Alors pourquoi cette grâce « doumbouyayisque » pour cet ex dictateur condamné à 20 ans de crimes contre l’humanité en août 2024 ?

Comment peut-on comprendre qu’après 14 ans d’attente, près de 2 ans de procès, le principal responsable des graves évènements du 28 septembre au stade éponyme soit gracié 8 mois seulement après sa condamnation ?

1) Pour beaucoup avocats, magistrats et victimes, la raison médicale ne tient pas debout car elle n’a jamais été ni évoquée avant, durant et après le procès. Du reste, lorsque Dadis décida de quitter son exil doré ouagalais en 2022 pour aller à Conakry, il semblait jouir d’une parfaite santé. Au demeurant, dans le box des accusés, on aura vu un Dadis tantôt nerveux, vitupérant contre le Tribunal, les avocats, tantôt très véhément contre les puissances occidentales, bref ce n’est ni un homme malade, ni un grabataire qui était devant les juges durant cet interminable procès.

2) Un cadeau en ce mois béni de Ramadan ?

Là aussi c’est hors des clous, car la religion prône la justice, la protection de la vie humaine, la paix et le respect des femmes. Ce qui s’est passé il y a 16 ans, n’épouse aucun des aspects d’aucune religion. L’opportunité de l’Aïd-El-Fitr pour gracier Dadis cadre donc mal, et le président Doumbouya, inspiration personnelle ou sous celle de son entourage, a raté la cible. Cette grâce ne sera pas vue sous le prisme d’un acte de miséricorde ni de pardon, mais plutôt une prime à l’impunité !

3) Solidarité entre frères d’armes putschistes et clin d’œil à un grand électeur ? Cette 3e hypothèse peut se défendre. Car quoiqu’on dise, à 15 ans de distance, ce qui lie Doumbouya et Dadis, c’est que tous les 2 sont entrés dans l’histoire de la Guinée, quoique petitement au son de la canonnière ! La solidarité de corps existe, par-delà les années et les promotions.

Ensuite, c’est connu depuis son exil au quartier huppé de Ouaga 2000 consécutive à la tentative de régicide de son aide de camp, Aboubacar Diakhité alias Tomba (lui aussi jugé pour le drame du 28 septembre), depuis la capitale burkinabè, Dadis a maintes fois manifesté le vœu de rentrer, et hors mis la seule fois pour aller assister aux obsèques de sa génitrice, toutes les autres fois lui ont été refusées par Alpha Condé, avec qui pourtant, il s’entendait relativement bien. C’est que malgré ce que l’homme a commis, en dépit du lundi noir de septembre 2009, et toutes les frasques du personnage, il restait très populaire dans cette Guinée forestière de N’Zérékoré !

Alors le candidat non encore déclaré à la présidentielle de 2025 (?) le Général Mamadi Doumbouya, veut- il s’attacher les faveurs de ce grand électeur nommé Moussa Dadis Camara ? Dans cette guinée électoralement ethnicisée, ou plutôt baronnisée, ce n’est pas impossible, d’autant que militaire, Dadis a toujours aussi des nostalgiques dans la grande muette.

C’est dire que c’est une grâce présidentielle pas gratuite, calculée même si elle inopportune et abjecte et sous réserve de voir la contrepartie, c’est le coup de la justice qu’on a tordu et cantonné dans un angle mort les victimes avec cette grâce présidentielle. Ainsi vont souvent les intérêts en politique.

La rédaction

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR