Gestion du chemin de fer Ouaga-Abidjan par le groupe Bolloré : Le Consortium Burkina 2050 part «en guerre» contre la société française

Gestion du chemin de fer Ouaga-Abidjan par le groupe Bolloré : Le Consortium Burkina 2050 part «en guerre» contre la société française

Le Consortium Burkina 2050 a convié les hommes de médias à un point de presse qui s’est tenu le mardi 22 février 2022 à Ouagadougou. A l’ordre du jour des échanges, la mauvaise gestion de la société SITARAIL par le groupe Bolloré. La coordonnatrice du consortium, Dr Nestorine Sangaré révèle les dessous des contrats signés entre la société française et l’Etat burkinabè, des engagements pris par cette dernière mais qui n’a jamais respecté. Elle a appelé à la rupture des contrats. Visiblement, un consortium remonté contre le magnat sis à Puteaux et qui règne sur des ports à conteneurs (qu’il vient de céder), la logistique et le chemin de fer en Afrique.

Le groupe Bolloré fait du tort au Burkina à travers la gestion de la société SITARAIL. C’est ce que l’on retient de la sortie médiatique du Consortium Burkina 2050, surtout quand sa coordonnatrice, Dr Nestorine Sangaré déclare : «la société appartient à une famille, et c’est une famille qui fait chier toute la Nation burkinabè». Des explications qu’elle donne, le chemin de fer Ouaga-Abidjan qui était géré séparément par les deux pays, a été privatisé en 1995. La gestion selon elle, a été confiée à SITARAIL qui est une filiale de la multi nationale BOLLORE. Elle indique qu’à travers cette concession initiale de gestion, le groupe avait 15 ans de gestion avant de rétrocéder la gestion aux Etats. D’après la conférencière, le groupe avec le temps, va procéder à des changements de la convention. De ses dires, il devait contribuer à l’entretien des infrastructures et des équipements. Lors de la privatisation, l’acquéreur  a promis garder 1 815 agents sur les 5 000 et poussières que compte la société, soit 1 000 en Côte d’Ivoire et 815 au Burkina. Si on s’en tient aux affirmations de Nestorine Sangaré, à la date d’aujourd’hui, le nombre des agents en fonction pour ce qui est du Burkina, n’atteint même pas  600. De sa gestion de 1 995 à 2010, le groupe a accumulé des arriérés de payement des droits d’usage, redevance incluse du chemin de fer de plus de 5 milliards de francs CFA. La filiale condamnée à payer plus de deux milliards de francs à des salariés licenciés abusivement, depuis 20 ans, n’a jusqu’à présent exécuté cette décision de justice.

Le gouvernement français et ses pressions sur le gouvernement burkinabè

En 2014, le Burkina Faso a lancé le recrutement d’une société qui va exploiter la mine de manganèse de Tambao et refaire le chemin de fer qui permettra de transporter le minerai jusqu’en Côte d’Ivoire. Le groupe BOLLORE, ayant eu vent du projet a voulu postuler. Des explications de l’universitaire, face au refus du gouvernement burkinabè de lui confier ledit projet à cause de son passé trouble, le groupe passera par le canal de la politique pour acquérir le marché après que le gouvernement français a fait pression sur le gouvernement burkinabè. Elle déclare qu’à l’acquisition du marché, Bolloré a promis investir plus de 85 milliards de francs CFA sur une durée de quatre ans, pour réhabiliter le chemin de fer de Ouaga à Abidjan. Dr Nestorine Sangaré regrette qu’après la signature intervenue depuis le 1er janvier 2019, rien n’a été fait sur le chantier. Elle rappelle que par le truchement du contrat, le groupe français a promis rembourser la dette de 5 milliards de francs CFA qu’il avait accumulés, tout en demandant cinq ans de différé pour tenir son engagement. Trois ans après, la conférencière relève qu’il n’a versé aucun centime. Elle soutient qu’il avait également promis de racheter les vieilles railles ainsi que les wagons usagers et a demandé aux Etats de lui concéder l’achat à un franc symbolique ; une demande rejetée par les deux Etats. Face à ce refus, le groupe s’est engagé à payer plus de six milliards pour le rachat en question. Ici également, il a demandé un différé de cinq ans. Les responsables, n’honoreront jamais ses différents engagements, a indiqué l’ex-ministre de la Femme.

Bolloré a tué l’activité

économique

Dans les engagements pris, le groupe Bolloréa indiqué qu’au bout de 12 mois, s’il ne débute pas les travaux de réhabilitation, son contrat devrait être annulé. Trois ans après, l’universitaire fait remarquer que le contrat n’est pas annulé, pire, le groupe français continue d’exploiter le chemin de fer à un franc symbolique parce qu’il n’a pas encore commencé à transporter le manganèse de Tambao, accord qu’il a inclus dans le contrat, et pendant ce temps, il ferme neuf gares secondaires sur l’axe. Il a aussi arrêté le transport de voyageurs pour se consacrer au transport de marchandises, a souligné la coordonnatrice du Consortium Burkina 2050. De sa conviction, Bolloré a tué l’activité économique au niveau des villes secondaires que traverse le chemin de fer, il a tué l’activité économique des concurrents locaux.

Elle affirme que suite à un ultimatum qui lui a été donné par les gouvernements burkinabè et ivoirien, de rompre le contrat qui les lie, si en septembre 2021, il ne commençait pas les travaux de réhabilitation de la voie ferrée, l’on apprend dans le journal français Le Monde que le groupe Bolloré étudie la vente de ses activités logistiques en Afrique qui fut longtemps «la vache à lait de l’homme d’affaires». La filiale pressenti pour racheter les activités du groupe y compris SITARAIL est l’armateur suisse MSC, qui selon la responsable du consortium, a des liens avec l’Elysée (Présidence française).

Mettre fin au contrat et traduire Bolloré en justice

Face à ce que certains peuvent aisément qualifier de magouille, Dr Nestorine Sangaré estime qu’il est plus qu’urgent d’empêcher cette transaction qui selon elle met le Burkina plus en difficulté car «la gestion de notre chemin de fer se fera désormais au cœur de l’Elysée», a-t-elle soutenu. Elle estime également qu’il est impératif de mettre fin au contrat avec la société française, en réclamant toutes les pénalités et engager des poursuites judiciaires qui sont prévues dans la convention contre elle.

Ce n’est pas les bras croisés que les choses vont rentrer dans l’ordre. Le Consortium Burkina 2050 le sait, c’est pourquoi il organise une marche le 3 mars prochain pour faire entendre la voix des Burkinabè. D’après Dr Nestorine Sangaré, la marche prendra fin au siège de Bolloré, avec une lettre qui sera remise aux responsables du groupe. Elle informe également qu’une autre lettre sera adressée à la Banque mondiale, pour l’inviter à procéder à une évaluation de la gestion du groupe français durant 27 ans du chemin de fer burkinabè étant donné que c’est elle qui a mis la pression pour sa privatisation. En attendant ces actions, elle rappelle que le consortium dont elle est la première responsable a lancé une pétition qu’elle compte déposer sur la table des députés très prochainement. Elle invite les Burkinabè à la signer .

 Edoé MENSAH-DOMKPIN

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