C’est sous les habits du pater familia que le président nigérian s’est adressé aux émeutiers de la vie chère qui noircissent les rues du pays sous le mouvement «Endbadgouvernance». En effet, le verbatim «Je vous ai entendu, surtout les jeunes et je comprends votre douleur» revêt un caractère paternel, le père de la Nation qui s’adresse à ses enfants en colère. Colère due à la faim et à la paupérisation crescendo.
C’est aussi en garant de la République que Bola Tinubu s’est adressé à la Nation. Un exercice qui aura duré 20 mn, mais qui n’aura pas suffi à faire baisser une tension chez ses compatriotes fatigués du quotidien qui ne s’améliore guère, loin s’en faut.
Si au 4e jour de ces émeutes de la vie chère, le chef de l’Etat a décidé de tenter de temporiser cette rue bouillante, c’est qu’au fond, il n’a rien lâché dans ses réformes crisogènes.
Ni l’arrêt des subventions, ni des multiples taux de change, encore moins le salaire des parlementaires, le SMIG, ou le train de vie de la Présidence, toutes ces revendications des manifestants n’ont été prises en compte.
En fait, si Bola Tinubu a fait ce grand oral, c’est moins pour revenir sur ses réformes, que d’essayer de gagner du temps, et de faire croire qu’il n’est pas fermé aux cris de réprobation.
Mais finalement, le président nigérian n’a pas bougé d’un iota dans ses réformes, qu’il qualifie «d’inspiration libérale, qui porteront leurs fruits». En comptant par exemple sur les sentes du gaz. Bola n’a rien lâché in fine.
Les Nigérians voudraient bien croire à leur président, mais quand l’inflation grimpe, que le prix des denrées alimentaires augmente de 40% et que celui des hydrocarbures triple, dans un pays producteur de pétrole, alors, les promesses de Bola passent pour des vœux pieux, et n’engagent que ceux y croient.
Chez ce géant d’Afrique, les problèmes sont aussi gigantesques, et nul doute qu’il faut plus qu’un discours de quelques minutes, avec une posture de père compréhensif pour calmer des ventres vides, des foyers au noir pour manque d’électricité, et un chômage très important.
La REDACTION


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