Un atelier d’information et de plaidoyer sur la problématique des Mutilations génitales féminines (MGF) à l’intention des Forces de défense et de sécurité (FDS) s’est ouvert à Ouagadougou, ce lundi 26 février 2018.
Le présent atelier, organisé par l’ONG Voix de femmes, en collaboration avec «No Peace Without Justice» constitue l’une des dernières activités du projet Ban MGF et s’inscrit dans la dynamique de mobilisation des acteurs nationaux contre la pratique des MGF. Pour la présidente de Voix de femmes, il s’agit de bénéficier de l’implication plus grande et soutenue des FDS pour l’accélération de l’élimination des MGF.
La problématique des MGF, au regard de leur ampleur et de leurs conséquences, reste une problématique majeure dans le monde et en Afrique, en particulier. «Si l’on peut reconnaître que des projets significatifs ont été enregistrés sur la route de l’égalité entre hommes et femmes, tant du point de vue des besoins pratiques et des intérêts stratégiques dans le monde, force est cependant, de reconnaître que les droits des petites filles et des femmes demeurent encore largement compromis par des pratiques traditionnelles et coutumières dans de nombreuses communautés, singulièrement en Afrique», a déclaré la présidente de l’ONG Voix de femmes, Mariam Lamizana. Elle a expliqué que l’organisation de rencontres d’échanges sur les questions liées aux MGF à l’étape actuelle de notre lutte constitue de grandes occasions de faire le point du chemin parcouru et d’envisager des pistes à même d’impulser des dynamiques nouvelles. «Elles participent incontestablement, à la création de synergies d’action et à la constitution d’une force et d’une solidarité indispensables pour accélérer l’avènement d’un monde débarrassé de ces pratiques avilissantes qui persistent dans nos sociétés actuelles».
A en croire la représentante de la première Dame, Marie Louise Compaoré, les agents de sécurité et de défense constituent un maillon très important dans la chaîne judiciaire, en ce sens qu’ils sont la porte d’entrée à la justice contre la violation des droits des femmes, notamment les MGF qui constitueront l’essentiel des échanges de ces deux jours de travaux. Selon elle, dans plusieurs pays du monde, la problématique des MGF, au regard de leur ampleur et de leurs conséquences, reste un problème actuel de droit, de santé publique, de dignité et de discrimination basée sur le genre. «L’engagement des autorités burkinabè à parvenir à l’élimination définitive des MGF s’est traduit entre autres, par l’adoption le 13 novembre 1996, de la loi n°043/96/ADP, réprimant les auteurs et complices de la pratique d’excision», a rappelé Mme Compaoré. Cela fait donc, 22 ans que cette loi est en vigueur, plusieurs acquis ont été enregistrés, notamment la baisse de la prévalence de la pratique de l’excision de la tranche d’âge de 0 à 14 ans. Force est de constater qu’en dépit des efforts, la pratique sévit toujours avec des poches de résistance et de nouvelles mutations, en témoignent les 24 cas d’excision enregistrés l’an dernier, et qui ont fait 167 victimes dont 2 décès. «Au regard de la persistance, l’enjeu de vaincre ce mal est capital et fait appel à une synergie d’action de tous les acteurs», foi de Marie Louise Compaoré.
S’adressant au FDS, elle a souligné que leur adhésion et leur engagement à la lutte contre ce fléau est nécessaire et primordiale, car en tant que FDS, ils sont chargés de la sécurité des populations, de faire respecter la loi et de surveiller les déplacements des populations et leurs agissements. «De par ce rôle important et déterminant, vous êtes des acteurs incontournables dans la chaîne de protection des femmes contre les MGF». Les échanges de ces deux jours s’inscrivent donc dans le cadre d’un plaidoyer pour un renforcement de la protection des droits des femmes et des filles et un soutien juridique dans le contexte des MGF, à travers une application effective de la loi réprimant les MGF.
Aline Ariane BAMOUNI
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