Plus que 24 heures et les 44 millions de Congolais que constitue le corps électoral se rendront aux urnes pour élire députés, sénateurs et surtout le président pour les 5 années à venir.
Dans ce triple scrutin où on a craint le «glissement», comprendre un report, dû à la situation sécuritaire, en rappel, le Routchourou et le Massissi ne voteront pas, c’est à l’Est du pays, dans ces 3 votes en 1, le plus emblématique demeure la présidentielle.
19 compétiteurs, c’est la fournée de cette présidentielle, dont certains ont essayé de se regrouper pour battre le sortant Félix Tshisekedi. Au demeurant, une présidentielle au Congo, c’est toujours des poids lourds des «balaizes», des moyens et quelques saltimbanques suscités soient par le pouvoir ou l’opposition pour amuser la galerie ou disperser les voix ! Et des moyens il en faut des colossaux pour convoyer les 75 400 bureaux de vote, les PV et autres kits. La CENI a encore rassuré hier via une conférence de presse dirigée par Denis Kadima, son président que tout sera fin prêt grâce à 2 hélicoptères prêtés par le Congo-Brazza, 2 avions égyptiens et des aéronefs de la MONUSCO.
Rideaux sur la campagne électorale officielle, depuis ce lundi 18 décembre à minuit. Place à la campagne souterraine. Aux alliances contre nature, aux désalliances et retournements de casaques ! Toute la journée de ce 19 décembre, ce sera un travail «caché», des promesses vraies ou farfelues et les mises au point dans tous les états-majors pour ne rien perdre de vue, car une voix, même une seule est toujours bonne à prendre !
Une veillée d’armes a débuté d’ailleurs depuis hier nuit, et se poursuivra cette nuit du 19 au 20 décembre. Dans les états-majors politiques, on fourbit les armes pour le combat final de demain.
Dans le camp présidentiel, rien n’est laissé au hasard, le président-sortant Félix Tshisekedi et son équipe restreinte ont donné des consignes claires :
– Il faut s’assurer que la CENI a déployé le nécessaire : urnes, isoloirs, équipes de vote (présidents et assesseurs).
– Que la sécurité veille au grain.
– Que l’opposition se comporte aussi correctement, et gare aux trouble-fêtes. Tout cela relève de l’Etat. D’ailleurs, Tshisekedi devrait faire une allocution ce soir 19 décembre pour inviter les Congolais à s’acquitter demain de leurs droits civiques.
– Enfin, il faut manœuvrer à convaincre certains leaders «récalcitrants» de balancer dans la coalition présidentielle, quitte à promettre postes ou autres choses.
Hier, pour son ultime meeting officiel, Félix Tshisekedi à Kinshasa, a pendant 35 minutes égratigné ses adversaires, en parlant à peine à mots volés de la «congolité», en évoquant les étrangers-candidats, allusion faite à Moïse Katumbi. Il a axé son discours sur les agressions à l’Est du pays par le M23.
Dans le camp d’en face, on a aussi répliqué ailleurs comme au Katanga puis dans le Sankourou où Moïse Katumbi a dit de surveiller le vote comme du lait sur le feu, surtout le dépouillement, car il ne fait pas confiance à la CENI. C’est une véritable bataille politique qui se déroulera demain 20 décembre en RD Congo, et les QG affûtent armes et stratégies.
Une atmosphère anxiogène plane sur ce pays-continent, car même si élections ne se conjuguent pas forcément avec affrontements ni pré ni post, elles sont toujours sources qui fragilisent le vivre-ensemble. Et entre 2006 et 2023, c’est si loin et si proche. Il y a 17 ans, une crise postélectorale avait abouti à des batailles rangées entre les partisans de Kabila fils et ceux de Jean-Pierre Bemba. Il faut donc espérer que cette veillée d’armes soit politique, et pas autre chose. C’est tout le mal qu’on souhaite à la RD Congo, des élections apaisées !
La REDACTION
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