Dr Nestorine Sangaré/Compaoré, lors de la marche du Consortium Burkina 2050 contre le Groupe Bolloré : «Ce n’est pas un fils de colon qui viendra détruire notre chemin de fer»

Dr Nestorine Sangaré/Compaoré, lors de la marche du Consortium Burkina 2050 contre le Groupe Bolloré : «Ce n’est pas un fils de colon qui viendra détruire notre chemin de fer»

Le Consortium Burkina 2050 veut l’annulation de la Convention de concession révisée (CCR) signée le 29 juillet 2016 avec SITARAIL, filiale du Groupe Bolloré transport logistiques. Pour parvenir à ses fins, il a organisé une marche qui a rassemblé des centaines de manifestants à Ouagadougou, le jeudi 3 mars 2022. Du rond-point de la bataille du rail, en passant par SITARAIL, pour aller au siège du Groupe Bolloré transport logistiques et finir au ministère des Transports, les manifestants ont affirmé leur désir de ne plus voir la famille Bolloré à la tête du chemin de fer. «Bolloré voleur, Bolloré dégage, Bolloré plie bagages, Bolloré on ne veut plus de toi» sont entre autres propos tenus par les manifestants tout au long de la marche.

 

Le Groupe Bolloré transport logistiques a tué le transport ferroviaire au Burkina Faso. Il est à la base du malheur de centaines de familles au Burkina, il a pris des engagements en signant des contrats qu’il n’a jamais respectés. C’est ce qui se dit dans les couloirs du Consortium Burkina 2050, qui ne veut plus de ce groupe français dont la filiale SITARAIL est chargée de la gestion du chemin de fer au Burkina. Le Consortium veut l’annulation pure et simple de la Convention de concession révisée (CCR) signée le 29 juillet 2016 avec SITARAIL.

Pour parvenir à ses fins, il a entrepris des actions parmi lesquelles une marche qui a regroupé des centaines de manifestants dans la capitale burkinabè. Du rond-point de la bataille du rail, les manifestants se sont rendus à SITARAIL, pour revenir au siège de Bolloré transport logistiques, avant de terminer la marche au ministère en charge des Transports. Sur ces trois sites, la coordonnatrice du Consortium Burkina 2050, Dr Nestorine Sangaré/Compaoré et ses camarades ont livré des messages.

Au siège du Groupe Bolloré tout comme au ministère des Transports, ils ont déposé des lettres. Si au ministère la lettre a été reçue à main propre par le secrétaire général, au siège de la société française, aucun responsable n’est allé à la rencontre des manifestants. Ils ont pris des précautions en sécurisant les lieux avec la présence des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). C’est à travers les grilles qu’un homme a échangé quelques mots avec la représentante des manifestants sous bonne garde policière. Priée de déposer sa lettre au service courrier, elle s’est avancée et a exécuté. Ses tentatives de rencontrer les responsables de la société française et de leur remettre à main propre la lettre se solderont par un échec. Cela n’a pas été apprécié par les manifestants qui criaient : «Bolloré sort récupérer notre lettre», «Bolloré on ne veut plus de toi», «Bolloré voleur, Bolloré dégage».

«Un fils de colon ne viendra pas détruire le chemin de fer»

Pour le leader du Consortium, il est temps de mettre fin à la gestion de SITARAIL par la famille Bolloré qui, elle rappelle, n’a jamais tenu ses promesses. Pire, elle veut vendre la société à une autre multinationale. De la conviction de la coordonnatrice, la famille Bolloré ne peut pas vendre un patrimoine qui appartient au Burkina sans laval des autorités. «C’est se foutre de tout un peuple», déclare-t-elle. «Une entreprise familiale ne peut pas venir affamer tout un peuple», soutient-elle. Elle déclare : «nous voulons nos rails, nous voulons notre chemin de fer. Ce sont nos grands-parents qui l’ont construit, et ce n’est pas un fils de colon qui viendra le détruire».

L’appel de Nestorine Sangaré aux employés de Bolloré

Consciente que pour gagner son combat contre son adversaire elle a besoin de ratisser large, la coordonnatrice appelle les Burkinabè employés chez Bolloré, qui sont meurtris, qui ont vraiment honte de ce qui se passe, à se joindre au mouvement, «parce que c’est un combat national, qui n’est pas orienté vers une personne», souligne-t-elle. De ses dires, les intérêts du pays sont menacés par une multinationale vorace et les Burkinabè veulent que cela s’arrête. Dr Nestorine Sangaré/Compaoré termine son message en invitant la famille Bolloré à plier bagages. «Laissez le chemin de fer des Burkinabè aux Burkinabè, laissez-nous nous développer aussi», a-t-elle indiqué.

C’est pratiquement le même message qu’elle a passé sur les différents sites. Au ministère des Transports, elle a invité les autorités à prendre en compte le souhait du peuple burkinabè. L’universitaire a invité les premiers responsables du ministère à faire du dossier Bolloré, une urgence et mettre fin à la Convention de concession révisée (CCR) signée le 29 juillet 2016 avec SITARAIL.

Dans une interview que nous a accordée la secrétaire générale de SITARAIL, Marie Antoinette Sorgho, relayée dans la parution n°1980 du 28 février 2022, l’entreprise avait réagi aux accusations du Consortium Burkina 2050, en évoquant ses réalisations depuis la concession pour maintenir le chemin de fer fonctionnel. Elle a également éclairé sur le processus de cession des concessions africaines du Groupe Bolloré, qui n’affectera pas les engagements pris avec ses clients partenaires publics et privés.

 Edoé MENSAH-DOMKPIN

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