Originaire de la belle ville côtière de Mostaganem dans l’Ouest algérien, Mohammed Korghlou est un Docteur diplômé de la faculté de medecine d’Oran en Algérie. Il détient également un diplôme universitaire en medécine d’urgence et un autre en Hématologie, décrochés à l’université Paris 6. Il a connu plusieurs fonctions dans le monde de la médecine, entre autres, médecin urgentiste au SAMU de Paris.
Depuis 2009, il se lance dans une autre trajectoire médicale : la régulation des prestations médicales transfrontalières. Une activité innovante orientée vers le management médical des parcours de soins de patients souhaitant bénéficier des compétences médicales étrangères hors de leur pays.
A cet effet, il fonde en 2016 la société «Mondial Care» et devient par la force des choses, l’expert et l’interlocuteur incontournable d’un grand nombre d’institutions étatiques et compagnies d’assurances internationales. Cette société est connue pour son sérieux, son approche médicale professionnelle et son engagement humain. 5 ans après son lancement, «Mondial Care» est présente dans de nombreuses capitales africaines où ses offres de services et prestations sont très appréciées. Présent à Ouagadougou dans le cadre de la réunion annuelle de partenariat avec les instances de la santé du Burkina, nous lui avons tendu notre micro.
Comment se déroule votre séjour à Ouagadougou ?
Comme vous le savez, j’ai toujours le plaisir de visiter ce charmant pays qui est Le Burkina Faso et cela depuis plus d’une décennie. Le lien avec le Burkina s’est encore renforcé depuis ma rencontre avec Robert Sangaré, ancien DG du CHU Yalgado Ouédraogo.
Notre partenariat dure depuis plus de quatre ans. Je ne pouvais trouver meilleur partenaire sérieux, attentif et à l’écoute de ses patients.
Ensemble et grâce à un travail en tandem, nous avons pu donner une nouvelle impulsion et une approche nouvelle dans la gestion des évacuations sanitaires. Les patient en témoignent. Le sourire qu’ils affichent à leur retour au pays après les séjours de soins est assez expressif.
Conformément à notre démarche qualité, nous nous donnons rendez-vous annuellement sur le terrain afin d’évaluer nos prestations et amender nos processus de travail. Nous profitons aussi pour rendre visite aux responsables des institutions et entreprises qui nous font honneur de confier leurs patients.
En quoi consiste le rôle de Mondial Care dans les évacuations sanitaires ?
Mondial Care France est une structure d’assistance médicale qui offre ses prestations à différentes institutions publiques et privées. L’objectif est d’assister les ressortissants en besoins de soins à l’étranger. Nos prestations sont également ouvertes aux particuliers bien évidemment.
Nos prestations relèvent d’une activité purement médicale. C’est comme dans un service hospitalier, Mondial Care dispose d’un «board» médical qui se réunit au moins une fois par semaine, évalue la situation clinique de chaque patient et propose une conduite à tenir.
J’insiste sur le fait que nous ne sommes pas des intermédiaires comme peuvent le penser très injustement certaines personnes. Notre métier n’est pas d’aller collecter des devis dans les hôpitaux et cliniques à la manière des rabatteurs en mobilisant un chauffeur et une belle voiture pour assurer l’accueil du patient à l’aéroport. Cela rend le patient otage de la structure de soins vers laquelle il a été évacué. Cela s’appelle de la conciergerie. Notre métier n’a rien à voir.
Mais vous restez tout de même des intermédiaires entre les patients et les structures de soins.
Laissez- moi vous expliquer. La médecine a beaucoup évolué grâce à l’innovation thérapeutique et la recherche médicale. Grâce à ce progrès, les pathologies qui avaient un pronostic fatal sont devenues des pathologies chroniques et donc complexes à traiter. C’est ainsi, que leur prise en charge requiert l’intervention de plusieurs équipes et plusieurs spécialistes différents. Le rôle de Mondial Care est justement d’identifier les meilleurs, chacun dans sa spécialité. Il est illusoire de penser, qu’une structure de soins quelle que soit sa taille, sa notoriété et la performance de ses équipements puisse être capable de répondre à toutes les problématiques, et disposer de la meilleure ressource technique. Cette façon de penser relève d’un concept révolu, périmé et contre-productif. Elle tend à faire du patient l’otage d’un hôpital ou d’une clinique. Le patient perd ainsi toute faculté et possibilité de disposer de son droit fondamental qui est le libre choix de son médecin.
Je me permets donc de préciser que nous ne sommes pas des intermédiaires comme on l’entend souvent. Notre métier consiste à dialoguer avec les meilleures équipes, chacune dans son domaine de compétence dans le seul intérêt du patient.
Quels sont les pays sur lesquels vous orientez les patient(e)s pour les évacuations sanitaires ?
Nous proposons actuellement trois destinations à savoir la France, le Maroc et la Tunisie. Dans chacun de ces trois pays, nous avons implanté des plateformes d’accueil dirigée chacune par un médecin rompu à l’activité de l’assistance médicale et qui veille sur la coordination le suivi et le contrôle de la pertinence des soins.
Il faut noter que la prise en charge du patient s’effectue d’abord au niveau local, c’est à dire avant que le patient ne prenne l’avion. Nombreux sont les problèmes d’ordre médicaux, administratifs, juridiques à régler avant le départ. En dehors de cela, les patients ont besoin d’être rassurés, informés sur le programme de soins qui leur est proposé. Il faut aussi autant que possible, recueillir leur consentement préalable. Le patient a le droit de tout savoir et de comprendre sur son projet de soins et son séjour. Il est impératif de gagner l’adhésion du patient au projet de soins qui lui est proposé. Pour cela, nous avons installé des bureaux de correspondants. Notre bureau à Ouagadougou dirigé par le conseiller Robert Sangaré, Directeur Général fondateur de la «Société 2AMIS» est reconnu pour être le plus dynamique de notre réseau. Sa mission est d’être le plus près possible du patient. Une assistance est assurée avant même le départ du malade. Croyez-moi, les patients évacués en savent quelque chose sur le travail accompli par notre équipe à Ouagadougou.
Cette volonté d’implantation des bureaux locaux est en voie d’être généralisée dans toutes les capitales africaines. Ce maillage panafricain nous permet de collaborer efficacement et de manière professionnelle avec un certain nombre d’organismes internationaux en Europe, aux USA et au Canada pour leurs besoins précis.
Pouvez-vous nous en dire sur les critères de choix des structures de soins.
L’orientation des patients ou plus précisément la proposition d’orientation des patients vers telle ou telle destination reste un véritable sujet sur lequel nous travaillons de manière permanente. Nous assurons une veille sur la qualité des soins ainsi que la compétence et la performance des équipes soignantes. Pour être clair, disposer de beaux lits, de grandes chambres et de matériel de dernière génération n’est pas synonyme de performance et de qualité. Cela s’appelle simplement du marketing.
Aussi, l’un des points forts de Mondial Care est sa parfaite connaissance des systèmes de santé dans les destinations qu’elle propose. L’offre de soins au Maroc est différente de celle de Tunisie qui sont encore différents de l’offre de soins en France.
Je vous pose la question : quels sont les critères qui permettent d’orienter un patient vers une clinique, vers un CHU ou vers un pôle d’excellence ? Quelle est la base de tarification au Maroc, en Tunisie ou en France ?
Savez-vous que de nombreuses procédures médicales sont moins coûteuses en France par rapport aux mêmes prises en charge réalisées au Maroc ou en Tunisie. D’un autre côté, certaines autres procédures sont mieux maitrisées dans les pays du Maghreb par rapport à la France.
Croyez-moi, il faut avoir une connaissance minutieuse du sujet avant de se lancer.
Ceci dit, l’orientation d’un patient est un sujet très sérieux. Son impact est double : qualité des soins et coûts. Je trouve dommage que certains médecins évacuateurs prétendent connaitre tout cela et exigent le transfert de leurs patients vers des structures qu’ils choisissent eux-mêmes. Relier la qualité des soins à la notoriété de la structure hospitalière est une grave erreur. Elles traduisent tout simplement une méconnaissance des filières de soins. Il faut savoir que nous sommes en 2021 et que l’organisation des soins a évolué. Prenons l’exemple de la création de pôles d’excellence en France. Ces pôles ne sont compétents que devant des pathologies complexes. Il est préférable de faire réaliser une petite chirurgie dans une clinique et réserver le polytraumatisé au centre d’excellence. Il faut toujours garder en tête que les grands hôpitaux sont aussi des terrains de formation. Pensez-vous logique d’évacuer un patient dans un grand hôpital hyperspécialisé pour qu’il soit opéré par un stagiaire ?
Quel est le mode d’emploi pour être évacué par Mondial Care France ?
Au Burkina Faso, nous avons un partenaire national qui est Afrique Assistance Médicale Internationale et Services (2AMIS), la structure d’assistance médicale de Robert Sangaré, ancien directeur général du CHU-YO. C’est par lui que nous recevons les dossiers médicaux pour faire étudier par les spécialistes de nos structures de soins partenaires en France, au Maroc, en Tunisie. Le secret médical et la confidentialité de l’information sont jalousement gardés. C’est pourquoi, nous recommandons toujours aux structures partenaires de se faire assister par des médecins conseils. A notre grande satisfaction, certains organismes raccourcissent de manière significative les procédures administratives de la prise de décision. En effet, les réunions interminables et le cheminement des dossiers de patients d’un service à un autre retarde la prise en charge d’un patient. Ce goulot d’étranglement procédural est générateur de surcoût. En effet, la maladie n’attend pas et continue son processus de développement, allant jusqu’à mettre parfois en jeu le pronostic vital.
D’aucuns invoquent aussi la mauvaise qualité des soins offerts par certaines cliniques douteuses et n’hésitent pas à parler d’arnaque tout simplement. Ces critiques sont-elles fondées ou non ?
On ne peut pas faire la même chose depuis des années avec les mêmes méthodes et même processus et espérer des changements qualitatifs. Le problème est identifié et les solutions existent pour peu que la volonté de bien faire puisse prévaloir au niveau de tous les acteurs de la chaine des évacuations sanitaires.
On vous dit assez cher, alors que les évacuations sont supportées soit par l’Etat, l’assurance, ou le patient. Qu’en dites-vous ?
Lorsqu’on parle de la thématique des évacuations sanitaires, on aborde de fait un sujet transversal et complexe. La réussite d’une évacuation est le résultat d’une coordination entre différents intervenants (médecins, administratifs, transporteurs, assureurs, hôpitaux, cliniques, etc.) et est surtout le reflet d’une réactivité quasi immédiate de chacun de ces intervenants et cela à tout imprévu. De ce fait, tout dysfonctionnement, absence de coordination ou retard dans la prise de décision entre ces intervenants, génèrent des incidents et des désagréments et donc fatalement une insatisfaction. Le problème se situe à notre sens dans le processus de la prise de décision et surtout la volonté d’apporter ou pas des corrections efficientes.
Pour votre illustration, nous nous référons à nos relations avec certains organismes burkinabè dont les dirigeants et cadres ont décidé de mettre la volonté et les moyens requis afin de redresser la situation. Le model de relation que nous avons mis en place avec ces organismes repose sur la fluidification des échanges, tant sur le plan strictement médical que financier et organisationnel. Ceci nous a permis de réaliser des résultats frôlant quasiment 100% de réussite sur le plan de la qualité des soins. Aussi, pour couronner tout cela, une maîtrise, voire même une réduction des coûts dans certains cas sont enregistrés. Il nous arrive de procéder à des remboursements d’excédents de trop perçus sur les provisions financières.
Depuis combien de temps dure votre partenariat avec Afrique Assistance Médicale Internationale et Services (2AMIS), la structure de Robert Sangaré ?
Depuis bientôt 4 ans, car cela a commencé en 2018 et jusque-là, aucun couac, ni le moindre nuage entre nous. Disponibilité-empathie-rigueur est notre devise commune dans le travail. Je voudrais profiter de votre micro pour remercier toutes celles et tous ceux qui nous font confiance de nous confier l’assistance de leurs patients .
Interview réalisée par Boureima SAWADOGO
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