Autant les pagailleuses conférences nationales souveraines des années 90 étaient censées être la panacée aux tumultueuses crises politiques qui ont ébranlé certains timoniers, autant les dialogues nationaux ressemblent à s’y méprendre à ces devanciers conclaves. Sauf que s’il y a 30 ans tout le monde était convié à ces exutoires, les dialogues contemporains choisissent eux, ceux qui doivent y être et exclus d’autres. Voici 3 jours qu’a débuté au Mali le dialogue national. Par les communes, jusqu’à ce lundi 15 avril 2024, puis ce sera au tour des régions, et enfin à l’échelle nationale.
Ainsi de Goumdam à Bamako, en passant par Douentza, Sévaré… les collectivités locales devraient se réunir pour débattre du destin de la Transition, arrivée à terme le 26 mars dernier. Des rassemblements qui ne devraient pas faire l’unanimité d’abord parce que tout le monde n’est pas le bienvenu, il y a également l’éloignement du lieu des réunions d’avec les domiciles. Mais surtout, il y a ce boycott et cette exclusion qui vont inhiber le déplacement d’une majorité des Maliens.
Un dialogue surtout dans un pays tel le Mali gangrené par le terrorisme, en proie à des crispations communautaires et dirigé par des militaires putschistes, une retrouvaille des Forces vives pour se parler, dérider un vivre-ensemble grippé, n’est pas en soi une mauvaise initiative, mais souvent les participants sont triés sur le volet, prémisses à des conclusions non-consensuelles.
Au Mali, les partis politiques suspendus le mercredi 10 avril 2024, sont interdits à ce dialogue, les signataires de l’Accord d’Alger de 2015 sont frappés de la même décision du pouvoir de Transition militaire.
Pourtant, ce dialogue a pour but d’être une alternative à l’Accord de paix d’Alger. Mais comment le serait-il, si ceux qui ont paraphé cet Accord sont aux abonnés absents ?
Il est vrai que déjà, le 25 janvier 2024, les militaires au pouvoir avaient mis fin à cet Accord comateux depuis 9 ans, il est vrai aussi que le référendum querellé a accouché d’une nouvelle Constitution lequel mettait cet accord dans un angle mort, mais si un dialogue doit trouver un texte pour remplacer ledit Accord d’Alger, n’est-ce pas pertinent et indiqué de mettre tous les signataires à contribution ?
Or, c’est tout le contraire qu’ont fait les autorités de Bamako, ce qui augure d’un dialogue biaisé et de résultats partiaux. C’est pourquoi, les responsables des partis politiques crient à l’exclusion et évoquent un «simulacre de dialogue pour les militaires de rester au pouvoir» et ils se réfèrent au référendum constitutionnel qui a été adopté aussi dans des conditions non-consensuelles.
Il n’est pas jusqu’au CPS, la CMA et autres qui sont absents à ce rendez-vous et qui ne se sentiront pas concernés par ce dialogue et ses résultats. Quid alors de cette Transition inclusive, tant voulue par les Maliens ? Avec ce dialogue infirme de son inclusivité, il n’est pas certain de trouver un accord pour la suite de la Transition laquelle Transition est d’ailleurs chahutée par certains car arrivée à terme depuis le 26 mars dernier.
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