Demande d’offres de service de Wagner au Burkina Faso : La rebuffade réaliste du capitaine IB

Demande d’offres de service de Wagner au Burkina Faso : La rebuffade réaliste du capitaine IB

Le 30 septembre, 1er et 2 octobre, en pleine 2e coup d’Etat au Burkina ou Révolution de palais, Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et bien d’autres villes étaient fleuries de drapeaux russes et de manifestants qui appelaient les «Popov» à la rescousse contre le terrorisme, tout en vitupérant contre la France, jugée incapable d’avoir pu vaincre les katibas par l’Opération Barkhane. Pire, certains se montrant plus obséquieux affirmaient que la même France était d’intelligence avec l’ennemi terroriste. L’ambassade de France et les instituts français furent l’objet de saccage et d’incendie à Ouaga et Bobo.

En même temps que se déroulait le putsch conduit par le capitaine IB, on sentait aussi que la problématique de la diversification du partenariat, c’est-à-dire en français facile, choisir plutôt Wagner et chasser les soldats français était aussi en jeu. En apparence, durant les 3 jours, les putschistes ont fait croire que les «mercenaires russes» seraient appelés pour aider le Burkina contre la pieuvre terroriste.

Chacun était d’ailleurs enclin à le croire car dès le 4 octobre, le coup d’Etat consommé, et IB porté aux nues par une rue qui criait «A bas la France- Vive la Russie», on le croyait donc car ce 4 octobre aussi, Evgueni Prigojine, le patron de Wagner , a apporté son soutien franc au capitaine IB, vouant aux gémonies Paul-Henri Sandaogo Damiba, le déchu, et faisant une cour assidue, via une lettre de demande d’emploi au jeune putschiste burkinabè. Oui, ce 4 octobre, Wagner tout en félicitant les auteurs du coup d’Etat, proposait ses services au Burkina.

Depuis lors, pas officiellement de réponse du capitaine IB, seul son Premier ministre Apollinaire Kyélem de Tambèla, qui tente à plusieurs reprises le grand écart en affirmant en substance qu’il faut prendre ce qui est bon chez tous les partenaires et ne pas privilégier un seul. Le nouveau PM sait pourtant que ce qui fait débat, c’est de savoir si les supplétifs de Wagner prendront pied au Burkina Faso oui ou non ! Si oui, la France (soldats et son matériel) s’en va, les Américains aussi. Ce n’est pas la Russie officielle ni «X ou Y» mais c’est Wagner contre les autres. Du reste, le 30 octobre dernier, au cours d’un entretien à la Radiodiffusion et télévision du Burkina (RTB), Apollinaire Kyélem de Tambèla, est revenu sur le sujet en rappelant les vielles relations Russie-Burkina, et d’un «réexamen des rapports entre la Russie et le Faso». Tout en précisant que ce n’est pas à la rue de dicter la conduite des affaires de l’Etat. Mais ce dont il est question ici, ce n’est pas le partenariat avec le Kremlin, mais avec Wagner, et ça, il le sait, la rue qui adouba IB en demande avec insistance. Ensuite, effectivement, la « ruecratie » ne doit pas s’imposer, mais n’est-elle pas déjà dans l’arène ? Son patron IB le comprend aussi. Pour le moment, c’est un refus de ce dernier lequel l’a dit à la Sous-secrétaire d’Etat américaine aux affaires politiques. Oublié sa déclaration lors du coup d’Etat appelant Wagner à venir, c’était juste un stratagème pour avoir le soutien de la rue, en faisant passer Damiba pour un valet de la France «réfugié à Kamboinsin» siège de l’opération française Sabre. Et il aura fallu attendre la visite de la sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques, Victoria Nuland, pour apprendre que le capitaine IB ne demandera pas le concours de Wagner. Reçu le 20 octobre par le jeune président, l’Américaine en était informée, et cela a été confirmé par nos confrères de Reuters. IB ne composera pas avec Wagner. C’est aujourd’hui la position officielle du Burkina et c’est ce que dit IB qui prime. Les USA l’ont bien noté. La France aussi a sans doute pris acte, mais observe, car elle n’oublie pas que son ambassade et ses instituts ont été caillassés et brûlés, et que Prigojine n’est pas homme à abandonner si vite. Car comme un coureur obstiné éconduit par une fille, il reviendra à la charge. La rue est aussi là.

Fin de l’ambigüité pour le moment ? Peut-être même s’il faut attendre de celui qui veut endosser le treillis de Sankara qu’il donne du temps au temps pour avoir un jugement tranché sur Wagner, et l’évolution sécuritaire et d’autres facteurs y seront déterminants. Hélas, le temps, c’est ce que IB  n’a justement pas, comme l’étaient Roch et Damiba !

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR