«Congolais et Congolaises ici le général Mobutu qui vous parle, l’armée a décidé de prendre ses responsabilités … il ne s’agit pas d’un coup d’Etat … ».
Le 25 novembre 1965, la RD Congo connaissait son second coup d’Etat avec toujours le même instigateur Mobutu qui en avait perpétré 1 le 14 novembre 1960, avant de remettre vite le pouvoir à un collège de civils.
Presque 60 ans après, ce pronunciamiento de celui qui aura un interminable règne et en pleine guerre froide et d’un Congo où grenouillent barbouzes, mercenaires, et aventuriers, et plusieurs guerres civiles, et 3 présidents, voici que des prétoriens ont tenté ce 19 mai 2024 de renverser Félix Tshisekedi, qui vient d’entamer son second mandat.
Le film de ces gravissimes évènements fait état de l’attaque de la résidence du vice-premier ministre, Vital Kamérhé, par une vingtaine d’hommes qui ont tué 2 policiers en faction, un des attaquants a été tué aussi. Refoulés par les forces loyalistes, ils se sont réfugiés à la présidence où ils ont remplacé le drapeau congolais par celui Zaïrois … Puis, ils ont été après neutralisés.
Eventé par le porte-parole de l’armée à la télévision nationale, le général de Brigade, Sylvain Ekengé, le putsch a été enrayé par les Forces de défense et de sécurité. Un putsch dont les auteurs impliqués des «Congolais et des étrangers, qui ont été mis hors d’état de nuire, y compris leur chef …». Une tentative de putsch qui n’a pas prospéré et les populations sont invitées à vaquer à leurs occupations.
Six décennies après Mobutu, et dans un contexte carrément différent et une RD Congo qui a connu des vertes, et pas mures, pourquoi une telle velléité ? Qui en veut au président Félix Tshisekedi ?
La RD Congo quoique connaissant une vie politique tumultueuse, avec une guerre et des rebellions à l’Est, n’est pas réputée pour sa propension pour des pouvoirs kaki. Alors, qui est ou qui sont les commanditaires de cet acte contre «Fatshi» ? Qui sont ces «étrangers» qui sont mêlés à cette tentative de déstabilisation ? Un pays voisin ? On sait que c’est un certain Michael Tchibangu, qui serait le cerveau du putsch manqué. Ses photos où il est en costume cravate rouge, avec une citation du prophète Ezeckiel, et une autre en tête militaire avec son fils, et une troisième où son cadavre git au sol, circulent sur la toile. Car c’est connu la tête du roi appartient à celui qui n’a pas peur de perdre la sienne. Il a joué, il a perdu et en la matière, c’est fatal !
Ou plus éloigné pour ne pas dire du côté de l’Occident ? Moult questions pour un coup d’Etat «étouffé dans l’œuf, mais dans cette RD Congo, évènement dont l’onde de choc va irradier au-delà», on attend comme l’a promis le général Ekengé la suite des révélations dont le narratif devra encore être éclairci et on espère que des langues se délieront. Si les putschistes ont été neutralisés, euphémisme pour dire que les félons ont payé de leur félonie, il faudra pouvoir arrêter des conjurés vivants pour qu’ils parlent.
Ce coup d’Etat vient rappeler que la démocratie a de sérieuses difficultés en Afrique. Car ailleurs sous d’autres cieux, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, ce sont des présidents élus qui ont été renversés par des militaires. Passons sur les différentes raisons propres à chaque pays, mais lorsqu’un président, même mal élu par les urnes est chassé du pouvoir par les armes, et mieux ou pire, les populations applaudissent et on en vient à parler de «bon coup d’Etat», il faut s’interroger sur la démocratie. Est-elle en déphasage avec les réalités dans ces pays ? Ou est-ce les hommes politiques qui sont médiocres ? Alors quel système politique convient à cette Afrique qui renâcle ? Heureusement qu’il y a toujours des pays qui y croient : cas du Sénégal dont la jeunesse a rejeté des mœurs politiques, mais pas la démocratie, et se sont emparés du pouvoir par le suffrage universel. Pour une expérience qu’on jugera d’ici-là.
La REDACTION
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