Coup d’Etat manqué au Burkina : Conjurer l’effet domino malien

Coup d’Etat manqué au Burkina : Conjurer l’effet domino malien

Quel lien y a t-il entre la batterie de sanctions érigées par la CEDEAO et l’UEMOA contre la Transition au Mali et le coup d’Etat avorté au Burkina annoncé hier 11 janvier par le parquet militaire ? A priori aucun, sauf que le double coup de force du colonel Goïta donne un mauvais exemple, et est forcément observé dans tous les pays voisins plus ou moins «crisés» politiquement ou sécuritairement.

Qui n’a pas entendu Ouaga bruissant depuis plusieurs semaines au sujet d’une éventuelle déstabilisation du Burkina Faso ? Qui n’a pas entendu toutes ces rumeurs affirmant que face aux défis sécuritaires irrésolus, seule l’armée pouvait être la solution ? Enfin, il y a évidemment tous ceux qui appelaient mezza voce ou à bas bruit à un arbitrage de l’armée dans ce Burkina multicrisé. D’aucuns se disant boire à bonne source, avançaient même qu’il y a déjà un putsch en «téléchargement». C’était depuis Solhan, puis ces ragots se sont accentués au moment de la tragédie d’Inata où le régime de Roch a semblé vaciller.

Hier 11 janvier 2022, c’était officiel, le procureur militaire par un communiqué informait que «saisi par dénonciation d’un membre de la bande … d’une allégation de déstabilisation des institutions que projetait un groupe de militaire, et … nanti de cette information, la police judiciaire militaire a diligenté une enquête» et hier donc, 8 miliaires ont été interpelés dont le lieutenant-colonel Mohamed Emmanuel Zoungrana qui serait le cerveau de cette action séditieuse.

Vrai-faux coup d’Etat étouffé dans l’œuf ? Intentions de putsch sans passage à l’action ? Initiative de militaires burkinabè ou y a-t-il une 5e colonne derrière ces présumés velléitaires de changement de pouvoir par la force ? Y a-t-il vraiment eu tentative de renverser le pouvoir de Roch Kaboré ?

En attendant les conclusions de l’enquête et des investigations entamées par le parquet militaire, cette histoire de coup d’Etat échafaudé, renvoie non seulement à de mauvaises réminiscences au Burkina, qui a connu de par le passé pas moins de 5 coups d’Etat réussis depuis 1960 et plusieurs autres vrais ou faux préludes à des purges. Depuis 2015, (excepté l’essai du général Gilbert Diendéré) renouant avec l’Etat de droit, tout baigne donc et cette annonce est un signe patent que «Le pays va mal» selon le mot de Tiken Jah Fakoly, car les idées ou l’effectuation de coups d’Etat prospèrent sur des terreaux de pays à problèmes et dont les dirigeants ont de sérieuses difficultés à les résorber.

La lutte contre le terrorisme est le mantra actuel exhibé pour débarquer un dirigeant, taxé d’incapable tels au Mali d’abord avec ATT en 2012 par Aya Sanogo et en août 2020 IBK par Goïta pour entre autres la même raison.

Ensuite, il y a la multiplication des pantalonnades constitutionnelles avec les 3es mandats, qui sont aussi des motifs à ces tentatives éperdues. Pour le cas d’espèce du Burkina, il est évident que face aux récents appels incessants à manifester, de démission du chef de l’Etat Roch Kaboré et d’agit-Prop, il y a toujours des militaires tapis dans l’ombre pour profiter du chaos éventuel. Sauf que le Burkina a ployé, mais n’a pas coulé. Et les militaires n’ont jamais été la solution.

Cette affaire de coup d’Etat manqué au Faso, enjoint avec persistance que le cas malien (et dans une moindre mesure, guinéen) ne doit pas aller loin, car les raccourcis militaires, si dès le départ semblent résoudre des questions conjoncturelles, ils ne sont nullement les solutions structurelles, pire les putschistes peuvent devenir même le problème du pays.

Veillez à ce que les colonels du Mali acceptent un calendrier acceptable, et passer le témoin à des civils qui se seront frottés au suffrage universel, et dissuader de plus en plus les entrées tonitruantes de l’armée dans l’arène politique, c’est conjurer le cas malien et subsidiairement guinéen pour décourager les militaires et les convaincre que leur place est plus que jamais dans les casernes et à l’heure actuelle face aux terroristes. Le Burkina Faso, malgré sa situation difficile n’a pas besoin d’un coup d’Etat pour s’en sortir. Mais il lui faut ses militaires et les civils ensemble pour vaincre ceux qui sont en train de l’encercler.

La REDACTION

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