Le président nigérian, Muhamudu Buhari, veut remettre le couvert en 2019. Il l’a fait savoir hier, 9 avril 2018, via le compte twitter officiel de la présidence. Prenant a rebours certains hiérarques de sa formation politique, le Congres progressiste (APC) et surprenant carrément l’opposition et ses compatriotes. Elu le 28 mars 2015, avec 53,9% après 2 tentatives infructueuses en 2003 et 2007, l’ex-général putschiste qui fut chef d’Etat d’un pouvoir kaki entre 1983 et 1985, veut encore se fait ainsi oindre par les urnes.
Dès sa prestation de serment, l’enfant de l’Etat de Kalsina s’était donné 2 gros chantiers pour remplir le bail que lui ont octroyé les Nigérians : la lutte contre la corruption et celle contre le terrorisme, en particulier contre Boko Haram. Trois ans après son avènement, la croisade contre les prévarications et les voleurs à col blanc a produit un petit bilan, même si la transparence en matière de gestion reste un mirage à bien des égards et les scandales financiers à répétition dont se font l’échos les médias nombreux. Quant à la bataille contre Boko Haram, certes, il faut reconnaître que le général a traqué la secte islamiste et a même réussi à circonscrire ses actes criminels et moyenâgeux à certaines localités. N’empêche, bien que blessé et ayant eu ses rangs décimés, le chacal continue à pousser des aboiements de défi, et les rapts de filles de Chibok, et en février dernier, les autres 110 de Dapchi sont venus rappeler que le serment du général d’éradiquer Bobo Haram reste un vœu pieux.
En annonçant qu’il veut rester dans le fauteuil de président, Buhari fait dans la provocation, brise un code politique tacite, et certaines ambitions de son propre camp, tout en faisant montre d’une certaine désinvolture, à l’égard de ses frères d’armes, notamment aux généraux, Olesegun Obansanjo, ex-président qui fut son soutien en 2015, et Ibrahim Babangida, celui-là même qui l’avait renversé en 1985. D’emblée, il bride les ambitions de son vice-président, Yemi Osimbajo, actuellement très populaire, étoffe acquise pendant l’interminable intérim qu’il a assuré durant les longs mois d’absence que Buhari a passé au bord de la Tamise perclus par un mystérieux mal dont les Nigérians ignorent toujours le nom.
Or pour beaucoup de ses compatriotes, le temps est venu pour Buhari miné par la maladie et par la néguentropie, cette loi de la thermodynamique, avec 76 hivernages au compteur, pour de nombreux Nigérians donc, Buhari doit partir en 2019, car ce sera le mandat de trop qu’il veut conquérir.
Enfin, il est certain, que selon l’esprit de ce pacte tacité qui fait que la présidence soit tournante entre Nordiste-musulman et Sudiste-chrétien, cette velléité de seconde levée passe mal. Et même si le général, fait croire qu’il a toujours bon pied, bon œil, et reste ingambe, il lui faudra le rester continuellement jusqu’en 2019 et surtout, convaincre un électorat dont la majorité, en particulier Sudiste penche pour son départ l’année prochaine.
Sam Chris
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