Annonce de la présidentielle post-transition au Tchad sous le staccato des armes : Avec le général Kaka, n’est-ce pas un scrutin trompe-l’œil ?

Annonce de la présidentielle post-transition au Tchad sous le staccato des armes : Avec le général Kaka, n’est-ce pas un scrutin trompe-l’œil ?

C’est quasiment à quelques heures d’intervalle le Sénégal, puis le Tchad annonçaient la date de leurs présidentielles respectives le 2 juin et le 6 mai 2024 avec des péripéties qui n’ont rien à voir les uns des autres.

Le Sénégal, c’est à la suite d’un dialogue boycotté par l’opposition et restant à être confirmée par le président Macky Sall, alors qu’au Tchad, c’est officiel, le scrutin présidentiel a été fixé au 6 mai prochain.

C’est l’Administration électorale, l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE). Censée mettre un terme à la Transition dirigée par le général Mahamat Idriss Deby alias «Kaka» depuis avril 2021, suite au décès de son père, le maréchal Idriss Deby Itno.

Prévue pour durer 18 mois, voici 3 ans que le Gl Kaka cornaque cette Transition avec bien 2 têtes de l’Exécutif, lui et le PM civil Succes Masra, mais c’est bien les militaires qui ont la réalité du pouvoir.

Bien que le 6 mai soit avant l’échéance du 10 octobre, ceci pour combler «un vide juridique, synonyme d’un chaos prévisible», cette présidentielle, réclamée aussi par la Communauté internationale, résout-elle pour autant la question politique au Tchad ?

Car là où les Tchadiens et d’autres personnes sont habités par le doute de la crédibilité, et surtout de la sincérité de cette présidentielle, c’est la présence du Gl Mahamat Deby sur la ligne de départ.

En Afrique, où a-t-on vu un président sortant, de surcroit, un militaire parvenu au pouvoir par les armes organiser des élections pour les perdre ? Surtout aval constitutionnel à l’appui.

Investi par le parti-Etat tchadien en janvier dernier, le Gl Mahamat Deby Itno est juge et partie, et Succès Masra se présentera sans doute, mais le leader des Transformateurs, est devenu comptable de cette Transition et pourrait même servir de faire-valoir. «Regardez, l’ex-chef de l’opposition a même participé à cette présidentielle», entendra-t-on côté pouvoir, à l’issue du scrutin où le Gl Kaka se fera absoudre par les isoloirs. Cap sur les sillons tracés par son maréchal de père. Si l’opposition dénonce un «coup d’Etat constitutionnel » et effectivement la transparence du processus pose problème, et beaucoup s’attendent encore à une élection, avec une pseudo-alternance, et tout changera pour que rien ne change. Un scrutin pour convenance internationale !

Car 24 heures après l’officialisation de la date de cette présidentielle, hier donc, le staccato des armes a repris au cœur même de N’Djamena. A l’origine, un parti politique aurait attaqué les locaux de l’Agence nationale du renseignement (ANSE). Réplique des Forces de l’ordre, et c’est des salves de tirs nourris qui ont duré des heures hier à N’Djamena où on apprend que le président de la Cour suprême a échappé à une tentative d’assassinat le 28 février 2024.

Peut-on vraiment croire que les urnes pourront malgré des votes, avoir de l’ascendance sur les armes ? Dans ce pays où depuis François Tombalbaye, pouvoir se conjugue avec canonnière, faut-il être naïf pour prêter foi à la sincérité de ce scrutin du 6 mai ?

La REDACTION

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