Amadou Oury Bah, nouveau PM de Guinée : Grosse prise de guerre technique et politique pour Doumbouya

Amadou Oury Bah, nouveau PM de Guinée : Grosse prise de guerre technique et politique pour Doumbouya

Exit l’équipe du Dr Bernard Goumou depuis une semaine ! Voici venus les jours de celle de Amadou Oury Bah, bombardé premier ministre de Guinée-Conakry ce 27 février 2024 par le chef de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya. C’est un économiste rompu aux arcanes des dédales en matière d’économie, doublé d’un homme politique, puisqu’il a à son pédigrée le poste de ministre de la Réconciliation en 2007, après les derniers mois de braise du régime Conté, marqués à l’époque par des grèves, des manifs et des répressions propres à toute atmosphère de fin de règne, celle du célèbre général qui succéda à Ahmed Sekou Touré.

Outre ces rappels, cette nomination est une grosse prise de guerre politique, car Bah Oury a beau avoir son parti l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG), il fut pendant longtemps le n°2 de l’UFDG de Cellou Dallein Diallo, pour ne pas dire son ombre. Et même si les 2 hommes se sont brouillés, c’est un technocrate doublé d’un politique que Doumbouya met à la tête du gouvernement. Une manière d’appâter les partis politiques ? Une cour souple faite aux opposants ? Ça aussi sera un chantier pour le PM, qui pourrait être missionné pour rassembler les partis politiques. En tout cas, c’est bien visé pour Doumbouya, reste à voir sur le terrain.

Le 3e premier ministre de la Transition militaire, suite à la chute d’Alpha Condé, ne sera pas dans une sinécure, loin s’en faut ! En effet, il étrenne le primus inter parès de l’équipe gouvernementale alors que la Guinée est dans le creux de la vague avec des grèves perlées, dégradation drastique du quotidien de ses compatriotes. La journée «morte» décrétée par les 13 centrales syndicales qui a paralysé quasiment tout le pays le 26 février dernier est déjà le dossier brûlant que l’impétrant devra désamorcer, car même si son caractère illimité a été levé, le fil du dialogue devra être rapidement noué avec les travailleurs, pacifier l’espace politico-social, et déblayer le  timing transitionnel.

A l’heure où les ponts sont coupés avec les partis politiques, les rapports avec les syndicats exécrables, surtout avec les médias, Oury Bah vient d’hériter d’une patate chaude. La presque totalité des corporations socio-professionnelles de Guinée sont en ordre de désobéissance civile contre le régime transitionnel. En limogeant toute l’équipe gouvernementale du Dr Goumou, Doumbouya a voulu donner un signal fort aux Guinéens, alors, il faudra que Bah Oury fasse la différence, qu’il résolve les problèmes existentiels des Guinéens qui ont pour noms : chômage, santé, éducation et aussi cohésion sociale, et sérénité politique. La quasi-totalité des grands leaders politiques sont exilés, le bâillon est permanent sur la bouche des syndicalistes, journalistes et opposants. Peut-être que le colonel Doumbouya a voulu montrer la vitrine regardable de la Transition avec ce nouveau gouvernement à former.

L’économiste devra soigner les finances de l’Etat, donner de l’espoir à la jeunesse, améliorer le panier de la ménagère, et le politique devra rassembler les opposants pour un dialogue porteur de cohésion. Vaste programme dont se rendra compte Bah Oury, à l’épreuve de l’exercice du pouvoir.

La REDACTION

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