Dans la nuit du 25 au 26 mars 2024, les députés togolais dont le mandat est épuisé depuis décembre 2023 (là il y a un vide juridique) ont fait basculer le pays de la 4e à la 5e République, par une révision totale de la Constitution de 1992, laquelle a subi 6 révisions depuis 36 ans avec 4 abouties, la dernière datant de 2019.
«Ni en catimini, ni en cachette, mais comme la naissance d’un bébé, la nouvelle Constitution est venue au moment opportun…», dixit Me Tchitao Thalim, président de la Commission des Lois à L’Assemblée nationale. Désormais, le Togo passe d’un régime semi-présidentiel (en réalité présidentialiste) à parlementaire. C’est le parlement réuni en congrès qui désignera le président de la République. Avec évidemment les députés majoritaires. Je n’ose pas imaginer que d’aucuns pensent qu’obligatoirement c’est l’UNIR (parti présidentiel) qui sortira vainqueur aux prochaines élections a lâché en substance Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, un proche du président Faure. Comme pour dire à l’Opposition de mouiller le maillot, si aux prochains scrutins, elle est majoritaire forcément, le président de la République sortira de ses rangs. Et le ministre secrétaire général de la Présidence, Christian Eninam Trimua de renchérir que le processus de cette révision a suivi les normes, tandis que le professeur David Dosseh reste dubitatif sur ce passage à un régime parlementaire. Lequel n’est pourtant pas une première comme l’a démontré Pascal Bodjona, conseiller spécial du président Faure pour les affaires politiques qui a évoqué les régimes parlementaires qui ont prévalu au Togo notamment entre le 23 avril 1960 et le 9 avril 1961, sous la Conférence nationale souveraine avec l’Acte 1 et Koffigoh comme premier ministre et président du Conseil des ministres dans les années 90.
Bref, pour les partisans de cette révision constitutionnelle, toute Loi fondamentale vit, grandit et vieillit et il faut le requinquer, selon les réalités du pays. Et sortir de cette dualité qui est le système partisan. Reste à savoir qui sera le prochain président de la République de ce régime parlementaire, avec des législatives et des locales d’ici quelques semaines et une présidentielle dans une année. Après Faure, Faure ?
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